jeudi 12 avril 2007

In the Country of Last Things


Il commence à dater un peu ce bouquin de Paul Auster. 1987, il y a donc tout juste prescription. Avant que les bibliothèques ne le rangent aux côtés de St Simon, je me le suis mis de côté. J'en attendais beaucoup à vrai dire, je n'avais jusqu'à présent entendu que de très bonnes choses à son propos. Certains me l'ont même présenté comme étant son chef d'oeuvre des premiers âges. J'étais bien curieux de voir ça, de me le confronter à Mr Vertigo par exemple (la Trilogie me semblant hors course dans cette petite compétition).
In the Country of Last Things nous fout d'entrée de jeu dans un monde qui sent pas bien bon. Une cité gigantesque, sordide et menaçante où ne semblent que régner le crime, la débrouillardise et au bout de chaque histoire, la déception et l'inconnu. On risque à chaque coin de rue de se faire percuter par une confrérie de suicidaires, un gang de pique-assiettes ne faisant pas dans la dentelle (de vrais vautours, au sens propre) ou d'honorer son rendez-vous avec une mort inéluctable et souvent violente. Plus d'emplois, plus de toits, une vision saisissante de chaos urbain. Quand j'ai pas super la patate, j'imagine parfois que notre société post-nucléaire aura pas mal de points communs avec ce charmant chaos urbain. Mais paraît-il que les iraniens s'attachent aujourd'hui à donner un vingt-deuxième souffle aux bombes à neutrons, on attend encore un peu pour paniquer du coup...
La petite Anna cherche son frère, le roman est son récit. C'est rare qu'un bouquin me foute la pétoche mais là il a réussi l'ami Paulo. Pour le coup, s'identifier au personnage principal n'a pas été difficile. Quand tu éprouves une méfiance toute naturelle pour l'urbanisme et que tu penses souvent que derrière chaque passant se cache un assassin, un flic sous couverture ou un adorateur quelconque, l'histoire te percute avec insolence. Au résultat, j'ai moins lu le roman comme une pure fiction, mais plutôt comme une hyperbole bien sentie des inhumanités citadines. Oui, je fais de la poésie à deux balles et je fais bien ce que je veux. Qu'est-ce-que vous voulez, j'ai eu un peu peur alors j'exorcise ça comme je peux.
Je ne me risquerai donc pas à faire de comparaisons. Auster est suffisamment hétéroclite de toute façon pour que ce ne soit possible. In the Country of Last Things échappe pour moi à tout archivage. Pour le relire, j'attendrai simplement une époque de réconciliation entre les sauvages du monde extérieur et ma psychopathologie primaire.
"Nos vies ne sont rien de plus que la somme de multiples aléas, et aussi diverses soient-elles dans leurs détails, elles partagent toutes une contingence essentielle dans leur trame: ceci puis cela, et, à cause de cela, ceci."

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