samedi 30 juin 2007

Retour à Montréal... et Charlebois chante encore


Traversant à toute allure les quelques 2500 kilometres qui le separent encore de la maison mère, Tatache fait fumer le train et ses rails. Clush et Drumsfeld anéantis, plus aucune raison de s'attarder en terre pas conquise. De toute façon les grandes plaines y a rien à y voir. Le Nebraska et l'Iowa c'est comme se retrouver dans ces rêves où l'on coure pour échapper au gros monstre gluant de derrière. Mis à part que là vous n'êtes pas dans un cimetière mais dans un champ de maïs. Un champ de maïs de 1000 kilomètres de long.
Pas d'embrouilles à la frontière. L'avantage qu'ont les douaniers canadiens sur les américains, c'est que leur pays ne se retrouve pas en guerre tous les trois ans contre un quelconque pays lointain où les gens bouffent sagement du riz, des épices, des pousses de bambou (ça c'est pour les années 70) et des petits gateaux au miel. Pour on ne sait quelles raisons obscures, l'empire américain semble avoir quelques rancoeurs indéssoudables contre ces régimes (alimentaires pas politiques, vous suivez j'espère). Le laxisme (gentillesse diront certains) des officiers laisse Eustache pantois. Son nom devrait pourtant leur évoquer quelquechose et ragaillardir leurs instincts enfouis de chasseur. Mais non, rien. Tatache passe la frontière. Dépecer le président en place publique ne semble plus être un crime passible de poursuite judiciaire. Bon à savoir, il lui reste encore un zigoto couronné à déssouder. Zarkoby, grand petit vizir Golien, héritier direct du Maréchal Pimpon et du Général Degauche.
Il fait encore nuit quand il atteint enfin sa chaumière. La ville dort encore, Tatache a le dos qui couine et les genoux en trombone à coulisse. Dormir dans les gares, les wagons frigos ou sur les strapontins des bus ça va un moment.
Tiens, du courrier. Faut croire que ses collocs sont aussi partis en vacances, la lettre est encore glissée sous l'encadrement de la porte. Tatache ouvre la porte, pose son barda, craque un os ou deux puis il ramasse l'enveloppe. D'un coup de dent, il déchire efficacement le papier. Ses yeux se posent sur un drapeau tricolore et une espèce de grognasse qui donne visiblement à becqueter quelques croutons de pain à des moineaux dispersés ça et là dans un champ de patate.
" Monsieur Pinkwood
Bien content de vous savoir rentré. J'ai appris vos exploits. Par souci de sécurité (et aussi parce que je veux avoir la primeur de vous faire sauter le citron, la mort du président Clush reste secret d'Etat. Les agents Watergate et Dreyfus s'occupent de la confidentialité de cette manoeuvre, le peuple américain peut dormir sur ses 53 étoiles*.
On ne vous oublie pas ici pour autant comme vous pouvez le voir. Vous avez tué mon frère de sang, mais j'ai eu le temps de prendre connaissance de l'existence de votre race perfide de saurien répugnants. Sachez que mes services s'acharnent à poursuivre la tâche sacrée que s'était fixé mon bien-aimé Clush.
Je saurai rester sport néanmoins(oui, je pratique assidument mon yogging matinal avec mes ministres lèche-bottes, c'est ça la realpolitik de droite mon pote). Si vous voulez me faire la peau mon cher, va falloir venir me chercher. Vous connaissez l'adresse. Allez viens te battre spèce d'enflure!

Président Zarkoby, Sauveur, Roi et Copulateur des Astres (Phd en Raélisme)"

Dans l'enveloppe un billet cartonné. Montréal-Lyon, dans trois jours.

*Le premier (ou première, on peut toujous rêver) à me dire pouquoi 53 gagnera ma gratitude et mon admiration. Fallait en effet lire le reste de ces pitoyables aventures pour le savoir. Je dis pas où, savez qu'à chercher. On va voir le nombre de commentaires après ça, c'est là qu'on va voir les amis...

lundi 25 juin 2007

Du Tatache en condense

Effectivement ca va etre du concentre parce que la tout de suite les gars, j'ai 45 minutes avant de me faire botter le derriere par la securite de la bibliotheque de Chicago. Et comment vous dire, le garde c'est un peu un mix entre Al Capone et Tyson...

San Francisco:

Apres la vie frenetique des stars hollywoodiennes, Tatache part quelques jours du cote ou tout a commence pour les hippies (et ou tout a rapidement fini aussi, faut bien le dire). Son pote Morgan l'attend pour lui faire decouvrir les pentes impitoyables des rues de la ville. S'en suivent donc d'amusantes virees a la Bullit (les pneus s'en souviennent encore, on ne peut malheureusement pas en dire autant de cette petite vieille qui elle n'a pas eu le temps de souffir. On l'espere...).
En ce weekend bien festif, d'etranges rebus des seventies ont organise sur Washington Square une drole de petite sauterie ou la biere bon marche s'accordent a l'unisson avec un cover band des Rolling Stones. Tatache reste pantois devant la gestuelle et les mimiques de ce faux Mick Jagger, ainsi que devant l'attitude pour le moins etrange de leur voisin de gazon. Dans un etat d'ebriete annonce, ce dernier se livre a quelques amusantes demonstrations d'aerobic devnt une foule medusee avant de ranger sa biere dans son sac de couchage. Quand je dis "sa biere", je parle du liquide, uniquement du liquide (le contenant ayant probabalement atteri sur la gueule d'un autre festoyeur).
Bon, et Clush dans tout ca hein? Eh bien voila. Eustache sait que la ville abrite un librairie sans egale, un refuge pour les auteurs censures d'un autre temps (oui, la censure intellectuelle a disparu, on s'entend tous sur ce point la j'espere). Il sait de source sure qu'il y exite un manuel de dissecation artisanale a l'usage et a l'adresse des cons. Cet obscur manuel intitule sagement Dummi"Human Vivisection for the es" doit etre quelque part dans les rayonnages. Pour faire bref, sachez juste que le livre atterit dans ses mains expertes apres que Morgan ait fait une habile pression morale (et strangulatoire) sur la pas avenante du tout "Beat librairian"...

Denver:

C'etait annonce dans les medias, Clush fait du ski dans les Rocheuses (en plein mois de Mai c'est possible, suffit d'avoir des connections). Tatache decouvre une ville toute neuve ou le soleil tape bien fort, et la biere un peu moins mais bon...
Habilement camoufle en tibetain, il trouve refuge dans un ashram ou seuls les camions volzvoguenes sont autorises, et prepare ainsi son plan final. Simple comme une operation ninja commandee par Jean-Claude Van Damme, elle consiste a trouver le president et a lui faire sauter le caisson.
Diable! Compulsant le journal du jour (le Denver Insipidious Chronicles), Eustache apprend que Kimael Boore fera une apparition au capitole le lendemain. Oui oui Boore en personne, l'illustre cineaste auteur entre autre de Curling for Carabine et Celsius euh...154 si je fais bien la conversion). Si Boore vient en ville, il y a fort a parier que Clush fera une descente depuis les Rocheuses avec une escouade du KKK pour tenter de rafraichir les idees de cet agitateur notoire.
Ca manque pas. Boore delivre son speech sur le systeme medical ricain et comment les francais s'en sortent bien mieux (Tatache se gausse alors), quand tout a coup surgit dans un tonnerre de poussiere le vehicule particuler du president, la Jeep M/Ucker. Clush en sort une M16 dans les bras, pret a dessouder tout ce ramassis de gauchos et de "y a toujours quelque chose qui me derange).
" Non Clush, faudra d'abord me passer sur le corps!", s'interpose un Tatache plein de mauvaise litterature.
Avant que Clush n'ait le temps de reagir, Eustache se met a reciter une formule qu'il prit le temps cette fois ci d'apprendre par coeur.
" Skouik zip scalpel please Chflouf Shoggoth Diner"
Instantanement, la peau du president se dechire de bas en haut et, sous l'effet bienveillant de la gravite et d'un soleil estival, se separe de son proprietaire et glisse jusqu'au sol, faisant ainsi le regal des moineaux et de vertebres a quatre pattes.
La foule enthousiaste porte Tatache en triomphe et le couvre d'eloges. Kimael Boore, redevable et admiratif, lui propose un lift en helico jusqu'a Montreal. Tatache ne peut refuser l'offre, il est bien temps de retourner au bercail.

lundi 18 juin 2007

Californie, burritos, sauce tem-peh (et quatre litres de vin rouge, quatre...)


Oui bon, desole ca a pris du temps mais comment vous dire... Le Texas et la Californie c'est pas la porte a cote. 42 heures de train, ca explique un peu cela. Tatache n'est pas mort, il se remet doucement de l'Arizona et du Nouveau Mexique. Le Texas est loin desormais (comment ca tant mieux...?). Allez, on y retourne.

Tatache n'est pas un complet bouseux, mais il convient de rappeler toutefois qu'il passa le plus clair de son temps de sa prime jeunesse dans de tres modestes petites villes ou le crime, le bruit et la fureur etaient choses rares. Son quotidien fut davantage rythme par le championnat local de foutchebol ou par le defile annuel des majorettes masculines (son popa n'etant autre que la chef de troupe, ceci pouvant peut etre expliquer les tendances autistes d'Eustache, et sa desillusion precoce quant a la soit-disante sagesse du monde des adultes) que par l'agitation du monde urbain.
En fin d'apres-midi, Tatache debarque donc a Los Angeles, petite cite de 17 millions de tares du cortex. La gare est situee en plein quartier mexicain, mais a quelques brasses de la se trouvent le japonais, le coreen, le chinois et d'autres de ces ethnies qui s'expriment avec des dessins divers: petites maisons, vaguelettes, petits batons sous gros baton, etc...
Tatache fait tout de meme quelques emplettes afin de faire tourner le business local et decouvrir de nouvelles saveurs. Son premier repas californien inclut donc petits biscuits sales avec des des bouts noirs non-identifies dedans, faux cookies (du sel aussi, damn it!), et pour couronner le tout, des mikados verts parfum chocolat-the vert-pousse de bambou. Deballant son frugal repas de son elegant sac plastique (qui raconte plein de choses interessantes comme carre, chapeau a l'envers, deux batons, point virgule), Tatache se met a l'oeuvre. Une patrouille de la police montee passe aux abords. Ils arborent le meme facies, la meme posture et la meme attitude que les heros costumes de la serie Chips (gloire a toi Ponch...). La patrouille l'observe meticuleusement, intriguee par la vision de ce voyageur apparemment ravi de bouffer n'importe quoi, puis poursuit sa route. Bon point pour Tatache, les echos de ses agissements texans ne sont pas encore parvenus aux oreilles de la milice locale. Avec un peu de chance, Clush et ses sbires le cherchent peut etre encore du cote de Houston. Il a semble-t-il un coup d'avance, il s'agit maintenant de jouer judicieusement. Oui mais voila, il n'a rien de prevu dans ce bled. Autant en profiter pour parfaire son teint mat, il filera a la plage aux petites heures.
Etonnant, on entend souvent dire que les etatsuniens travaillent d'arrache-pieds, qu'ils pretent une allegeance sans faille a l'entreprise, que c'est ainsi que cette civilisation a aujourd'hui le droit d'emmerder le reste du monde sans avoir a s'en excuser (ni meme a penser a le faire, c'est dire). Hors, comment expliquer qu'en ce jeudi matin, de nombreux citoyens paressent et se dorent sur la plage? Tatache s'insurge, ne devrait-il pas plutot se rendre au bureau et servir les interets du pays plutot que de se faire frire la pillule, a promener chienchien, a rouler bicycles et chaussures a petits pignons?
Il ne passe que peu de temps dans ses pensees furieuses. Au large, un jaune esquif motorise s'approche de la plage a grande vitesse. Droit vers Tatache. Aucun doute, c'est pour lui. Le bateau se rapproche, les silhouettes a bord se font plus nettes. Une grande blonde en maillot rouge avec une bouee en forme de bretzel, un homme en costume blanc. Pas d'idee pour la blonde, en revanche pour le costume blanc, c'est clair comme de l'eau de roche. Drumsfled, encore lui. Le bateau atteint la plage et s'enfonce violemment dans le sable. Drumsfled debarque.
" Pinkwood! Je savais bien qu'on se retrouverait, face de saurien"
" Tu commences vraiment a m'emmerder Drumsfeld. Maintenant ca va chier"
" Dis donc, ca te reussis pas question langage la cote ouest mon pote"
Se rappelant le livre d'arcanes (celui que Blake avait recupere dans son frigo), Eustache extrait le dit codex de sa poche. Compulsant brievement la table des matieres, il hesite quelques instants entre la malediction du serpent fantomette, une poussee d'ecailles genitales ou langue fourchue des grandes occasions. Finalement, il opte pour la ratatouille du cobra maudit.
Drumsfeld sort sa petoire et fait quelques pas en direction deTatache, l'air menacant et survolte de ceux qui ont un pistolet charge (la premiere categorie). Eustache ne rejoindra pas aujourd'hui ceux qui creusent (la seconde categorie*), il se lance dans son incantation.
" Zigourath Abenakis Sssss Ratatsouille Sssss Tirlipimpon !!!", clame-t-il alors.
Le doigt de Drumsfeld commence sa pression sur la gachette. Pas de bol pour lui, c'est a cet instant qu'une autre pression de fait sentir sur ses chevilles. Sur plusieurs metres carres, la plage n'est qu'une foret grouillantes de couleuvres et de viperes. Enfonce dans ce bourbier, Drumsfeld est incapable de bouger. Rapidement, les reptiles s'amassent autour de lui, grimpent et entament leur brunch. Morsures apres morsures, le corps de l'agent gouvernemental se transforme bientot en outre sanguinolente. Un bout de peau par ci par la, il n'est plus qu'un support pedagogique dans une classe de bio ("alors la les enfants, on voit tres bien le biceps que soutiennent tres judicieusement les tendons rachidiens". Ah merde, les tendons viennent aussi de partir). Quand ses cris cessent, Tatache ne discerne plus qu'un bonhomme tout rouge dans un costume jadis blanc, desormais rubis. Drumsfeld s'effondre dans la mare de reptiles puis disparait, englouti et perce comme un Lou Reed de la grande epoque.
La grosse blonde de l'esquif reste petrifiee.
" A nous deux ma poulette", grimace Tatache.
" Vous ne pouvez pas me tuer, je suis Pamris Anderton. Je suis une star planetaire et le monde entier m'admire. Laissez moi partir et je vous fais construire un hotel sur la rue de la Paix", tente vainement la potiche.
Un gros bouillon se forme derriere le bateau. Un leviathan formidable surgit brutalement, monte vers le ciel et redescend en plongee. D'un coup de machoire, il engloutit canot et canotiere. Il ne reste alors a la surface que quelques debris de bois, la bouee bretzel et le maillot de bain rouge (les leviathans ayant un gout bien particulier, l'interieur du maillot de la blonde a on ne sait comment trouve grace a ses papilles).
Apres ce bon debaras, Tatache se dit qu'il a bien merite une bonne petite binouze dans un speakeasy local. Depuis l'avenement du dernier gouverneur, l'alcool est en effet de nouveau interdit et la possession d'herbe passible de mort par fumigation.
Les caves du bouiboui servent aussi de galerie d'art. Sur un des murs, Eustache reste admiratif d'une photographie mettant en scene une tres ancienne ruelle de San Juan.
" C'est beau n'est-ce pas? C'est aussi mon tableau prefere ici". Une quadragenaire bon chic bon genre, un verre d'alcool frelate a la main, vient de s'adresser en ces termes a notre heros.Quelques phrases plus tard, elle lui conseille de se rendre absolument dans un celebre bar de Denver, puisqu'il faudra bien qu'il rentre un jour. Et a moins de vouloir prendre le maximum de risques en repassant par le Sud, il lui faudra prendre une autre route, plus au nord cette fois-ci.
" C'est le fameux bar ou se rendait John Karak, l'illustre auteur de la bath generation", lui dit-elle.
" Ah oui je vois. C'est bien le grand blond avec la meche, cui qu'est mort dans son bain, non?", retorque-t-il.
La modame tourne les talons, grommelle un "j'ten...mmm... trais moi des co.... pareils".
Bon, au moins il a un point de chute quand il en aura fini avec San Francisco. Ca prendra le temps que ca prendra, en attendant faut qu'il aille se cacher. Camouflage ideal pour l'occasion: Fender stratocaster, collier de pates et flowers in his hair.

* pour ceux qui possedent chez eux le petit dictionnaire ethico-philosophique de Clint Eastwood, pour les autres tant pis.

dimanche 10 juin 2007

Les cowboys devraient se cacher pour mourir

Tatache s'attendait veritablement a trouver Houston dans son etat habituel (du moins tel qu'on le lui avait decrit): de larges rues peu frequentees, des immeubles glaces, des voitures trop grosses pour des gens trop gros. Certes, tout ca y etait. Seulement voila, l'ami Eustache avait oublie de consulter son agenda et o hasard du calendrier!, son arrivee coincidait etrangement avec le carnaval annuel du president Clush. Depuis que ce dernier s'etait fait intronise chef d'Etat a vie, il jouissait d'un pouvoir illimite sur ses sujets et les 53 Etats. Oui 53, l'Arabie Saoudite et Israel les ayant rejoints pour d'evidentes raisons politico-financieres, le Quebec ayant lui aussi franchi le cap apres le referendum victorieux mene par les independantistes gaspesiens.
Ce jour donc, le president et toute sa clique devait defiler en grande pompe dans les rues etouffantes de la capitale du petrole. Pour ceux qui pensait encore que Dallas menait la danse, desole de vous apprendre que J.R a vendu toutes ses stocks-options a Nikola Zarkobi. Les benefices de cette secession ont directement ete reverses dans la construction de la grande mediatheque de Guantanamo, le president francais a pour sa part rapidement delocalise les puits de petrole d'une ville a l'autre, en gage de son admiration sans bornes pour son suzerain d'outre-atlantique.
L'occasion etait trop belle pour Tatache.14h, la foule s'entasse derriere d'imposantes barrieres que surveillent avec attention la milice rapprochee de l'Empereur. Gare au premier qui tenterait de les franchir. Les instructions du KKK sont bien claires (la Kompagnie Kachee de Karcherisation, unite de police d'elite americaine nees des succes probants des escouades francaises). Quiconque tente un mouvement mal intentionne se vera gratifier: d'une decharge de 16mm pour les hommes majeurs, de coups de crosses au ventre pour les femmes, de crachats et d'injures pour les representants du troisieme age, d'un suivi psychiatrique pousse pour tous les enfants de plus de 3 ans.
Bien embusque derriere un couple de fervents texans (250 kilos a la pesee), Tatache empoigne sa poupee et attend le moment ou Clush passera devant lui. C'est alors qu'il le poinconnera sans vergogne, renvoyant ce sbire demoniaque dans les arcanes oubliees. 14h30, un Hummer conduit par Arnaud Klartzsfeldnegger s'engage dans Main Street. Imitant un celebre vehicule papal, la voiture du president revet la particularite d'etre surmontee d'un astucieux plexiglas laissant aux badauds la chance de voir de pres le visage du souverain eclaire.
Plus que quelques secondes et il sera a sa hauteur. Tatache prend un clou bien rouille et vise la tete de la poupee. Trois, deux, un... maintenant!
Le couple de texans sursaute. Ils se retournent alors. Derriere eux, un gars vient de se planter un clou de dix centimetres dans la paume de la main et hurle a la mort. Le sang coule abondamment sur une etrange idole aux traits du president.
" Hey mate, that would be a great thing for my boy. How much d'ya want?"
Le KKK aussi a entendu le cri de Tatache. Alertes, les agents ils se precipitent deja dans sa direction, pas question de laisser un malade perturber la grande foire.
Tatache s'enfuit dans les souterrains tortueux de la ville, sa seule chance d'echapper a une escouade affamee et toujours partante pour une petite "ratonnade" (ce terme aussi fut leguee par les francais, juste apres la rehabilitation de Maurice Papon et Klaus Barbie par le president Zarkobi).
Habitue aux catacombes montrealais, Tatache seme progressivement ses poursuivants. Debouchant quelques kilometres plus tard dans une zone bien plus calme, il se dit que son salut repose sur la rapidite avec laquelle il trouvera un abris.
Et la miracle! Une petite bicoque se tient devant lui, et annonce clairement la couleur: Hostel for the Politicaly Impaired. Un barbecue fume joyeusement devant le porche, c'est l'anniversaire du patron et tout le monde s'en met dans la courge, et a grandes lampees meme. Des barbus, des gens en short, des chevelus, pas des gens bien frequentables se dit Eustache mais apres tout, ils ne penseront pas a venir le chercher ici. Il s'avance du comptoir ou regne sans concurrence la mere du patron, prend une chambre pour la nuit et commence a se detendre.
" Ca vous derangerait de faire monter mon sac dans ma piaule?"
" Tu t'es cru au Ritz mon grand?"
" Pas vraiment, mais j'ai un clou dans la main, ca pique un peu quand je serre..."

Par chance, un ancien bourreau federal est de passage dans l'etablissement. Il lui retire l'intrus avec une pince monseigneur tout en lui tenant un joli laius sur la superiorite de la corde sur la chaise, de la chaise sur l'injection (une infamie selon lui, puisque ca ne fait presque pas souffrir).
Au point ou il en est, Tatache se dit qu'il n'a plus beaucoup le choix. Son passage a Houston a ete un fiasco et il y a fort a parier que le KKK et le FBI (la Federation des Braconniers Idiots) soient a ses trousses. Il se rappelle alors qu'il a un pote du cote de San Francisco. Il partira donc demain, faisant au passage un petit arret du cote de la cite des Anges, lui qui a toujours voulu etre maitre nageur...
Le poste de tele crache peniblement les nouvelles du jour. Le president Zarkobi a obtenu la super-majorite a l'Assemblee avec 102% des suffrages. Sa premiere nouvelle mesure sera de rendre visite a son ami Clush sur une plateforme petroliere rehabilitee en loft afin d'habiter selon lui sa prochaine fonction de Grand Zizi Intergalactique.
De mieux en mieux...

samedi 9 juin 2007

Tatache: diversions et peregrinations

Voila un petit moment maintenant que Tatache n'a pas donne de nouvelles. Faut dire que les choses sont allees tres tres vite, un peu n'importe comment aussi. Resume donc des dernieres aventures...

Atlanta:

Qu'il faisait bon retrouver le Sud. Tatache avait presque fini par oublier ce soleil moite et ces journees interminables. Il avait meme oublie qu'ici, on se dit bonjour dans la rue, meme quand on ne se connait pas. Les bonnes habitudes reviennent rapidement, son look de touriste canadien lui attire beaucoup de sympathie. On l'arrete dans la rue, on lui demande ce qu'il fout ici.Tatache est bien embete, il ne peut decemment pas avouer qu'il est actuellement en train d'essayer de sauver la race des hommes-lezards d'une quelconque machination, ca fait desordre...
Rapidement, il se met en route pour le memorial du soi-disant assassine, Lex Luthor King. Eustache s'enfonce dans ces quartiers populaires ou le crime et la petite vie guettent a chaque coin de rue. Un sympathique habitant du quartier lui propose de l'accompagner. Adepte de la peau de saucisson sur les yeux, Tatache accepte (et le remercie en plus de ca). Ce qui devait arriver arriva, au bout de quelques minutes, il se retrouve devant une horde de bouchers au look quelque peu africain.
Du fond de l'allee s'eleve une voix inquietante.
" Toujours aussi naif Mr Pinkwood a ce que je vois"
Vision d'horreur. Devant lui se tient l'homme au costune blanc, celui la meme qui a dessoude ses anciens compagnons dans ce bouge infame du New Hampshire. Mais cette fois-ci, Tatache remarque quelque chose. Cet homme la, il le connait d'ailleurs. Ses traits lui sont familiers et pour cause, l'homme n'est autre que Ronald Drumsfeld, le conseiller en genociderie du president Clush! Seulement a l'epoque, il n'occupait pas encore le devant de la scene.
"Vous me voulez quoi non mais?", s'exclame Tatache.
" En finir une bonne fois pour toutes avec les degeneres reptiliens de votre espece. Le president a d'autres plans pour ce pays, votre regne s'acheve ici", tonne Drumsfeld.
"Compte dessus et bois de l'eau tocard", claironne Eustache.
A l'instant meme ou les deux protagonistes se preparent a une lutte sans merci, un Hummer de fabriquation artisanale s'engage dans l'allee. Une petite mexicaine du nom de Rachel (c'est ecrit son sur son t-shirt) en sort, armee jusqu'aux dents, un pistolet-mitrailleur en bandouillere, un coutelas dans une main, une machette dans l'autre.
"Ok, les guignols, maintenant on a fini de rigoler. Vous avez pas plus de 20 secondes pour me degager l'horizon. Et le premier qui chie dans la colle, je lui colle trente pruneaux dans les genoux. Chiche?".
En un tournemain, les acolytes de Drumsfeld quittent le champ de bataille. Ce dernier n'en demande pas plus d'ailleurs. Rajustant son Stetson, il lance a notre heros.
"On se retrouvera Pinkwood, et cette fois je t'ecaillerai pour de bon"
"T'as pas un truc sur le feu dis moi? Ca sent le roussi je trouve", fanfaronne Tatache.
La portiere du Hummer s'ouvre lentement. Le pasteur Luthor King extraie peniblement son grand age et s'avance vers Eustache.
"Bien joue cher fils de Yig. C'est pas encore aujourd'hui qu'ils nous auront ces abrutis de republicains. Ne perds pas de temps Eustache. Tiens."
Le pasteur lui remet alors une petite carte bristol. Le Baron Samedi, Bourbon Street, New Orleans. Puis il enfouit dans sa main une petite amulette doree. D'un cote, une fleur de lys, de l'autre, le profil de Brandon Marlo, le celebre acteur.
" Ok, je fais quoi de tout ca moi maintenant?", dit Tatache.
" Sois pas con Eustache, c'est assez evident", lui repond gracieusement Luthor.

New Orleans:

Traversant bayous et marais, Tatache parvient peniblement jusqu'en Louisiane. Moiteur et ambiance alcoolisee, les choses s'annoncent festives.
Sans plus attendre, il se rend dans ce quartier dit du "Vieux Carre", et cherche alors Bourbon Street. Pas difficile a trouver, c'est la principale, c'est la que s'entassent a 6h du matin tous les debris de bouteilles et les papiers souilles.
Un peu tot pour frapper chez les gens certes. Tatache s'en fout, il trouve bientot l'adresse et cogne a la porte. Quelques instants plus tard, un petit homme noir tout sec lui ouvre la porte.
" C'est quoi que tu veux grande saucisse?"
" J'en sais trop rien, en tout cas j'ai un super chouette medaillon si c'est ce que tu veux savoir mon pote".
" Montre toujours"
" Qui me dit que t'es pas un mechant?"
" Bien vu. Suis moi andouille"
Le petit homme introduit alors Tatache dans un grand salon richement meuble. Un long bar en acajou remplit le fond de la salle, de somptueuses tentures couvrent les fenetres, de majestueux chandeliers eclairent mysterieusement de profonds canapes bordeaux. Quelques vetements legers trainent a terre, l'air sent le souffre et l'ivresse.
" Mais voyons donc, c'est quoi ce bordel?", s'insurge Tatache.
" Pas plus, pas moins", lui repond le petit homme.
Ce dernier disparait alors, laissant Eustache divaguer dans certaines directions que nous livrerons dans les bonus (sortie prevue fin juillet, avec moultes illustrations, interview des acteurs, et la making of des cascades).
La lumiere s'eteint soudain et des echos de tamtams envahissent la piece. Une cohorte de gugusses endimanches et emplumes entrent alors en dansant. Tatache ne percoit pas clairement leurs propos, ils semblent effectuer une sorte d'incantation grotesque en l'honneur d'un certain tonton Makoute. Bref, quand s'acheve leurs guignoleries, Tatache prend conscience qu'un homme le regarde depuis le balcon. Bati dans le roc, il ne porte qu'un jean degueulasse et un marcel blanc souille par la graisse (de cheveux ou de moteur, allez savoir). Ce dernier le fixe puis s'ecrie soudain:
"Stella!!! Steellaaa!!!"
Il lui lance alors une petite poupee a l'effigie du president Clush. Tatache se demande bien a quoi peuvent servir ces aiguilles plantees dans son torse. Bein oui, il sait pas tricoter Tatache.
" Va le chercher, perce ses flancs quand il sera pres de toi. Clush et ses sbires seront alors aneantis. Nos cultes retrouveront calme et honneur. Maintenant file, j'ai du menage a faire. Sois sympa, sors les bouteilles de Jax Beer au recyclage."
Encore plus loin dans l'absurde, Tatche doit maintenant filer a Houston (il y est deja a l'heure ou ces lignes vous parviennent), dans la mega gueule du mega mechant loup.

mardi 5 juin 2007

V for Vivipare


Errant donc dans les rues de Washington, Tatache se demandait bien quoi faire. C'etait bien beau d'avoir file a l'anglaise de Boston, mais quel interet d'etre dans la capitale de l'Empire imperialo-imperieux des imperialistes impressionants? Bon se dit-il, tant qu'a etre la, autant faire le touriste.
Le voila donc parti pour une journee de deambulations dans les rues de la dite Washington. Tatache a peu d'imagination, il s'engage donc dans le sentier archi-rabattu du Mall (la grosse pelouse avec les gros batiments, les statues et les japonais). Il est ma foi tres etonne de la proprete quasi-aseptisee des rues, litteralement, on peut bouffer par terre.
A sa grande joie, il tombe par hasard sur le musee d'art oriental. Tatache aime les gens aux yeux plisses, il les trouve rigolos avec cet air constamment par reveille. Oh les belles sculptures en bois de samourais du 15eme siecle! Oh les jolies estampes fleuries d'Okaido! Bref, Tatache s'enthousiasme d'emblee pour cette ville.
S'en suivent d'autres musees charmants et foisonnants. Notre heros rend egalement hommage au Capitole et bien evidemment a la maison toute blanche (la ou reside actuellement le 26eme descendant de Palpatine, cousin germain de Casimir).
Continuant son bonhomme de chemin, Eustache arrive finalement devant ce large bassin menant d'un cote a un phallus geant pointu (ouch!) et de l'autre a une espece de temple greco-romain. Et c'est la qu'il s'en va Tatache, pousse par une quelconque inspiration imperieuse. Parvenu au bout du rectangle de flotte, il entreprend l'ascension des marches, et la, sa tete se met a resonner et a siffler, ses tympans semblent n'etre desorais qu'un courant d'air continu. Encore quelques pas et la, en haut des marches, se produit une revelation (oui, encore une les amis).
Devant lui, siegant dans une extreme majeste, se tient un Dieu, une icone terrifiante. Abraham Lincoln le toise ainsi et lui tire une langue fourchue. Tout devient clair dans sa tete. Abrem Linkum! Il est la devant lui, seigneur serpent des temps oublie. Depuis le debut donc, Tatache avait raison, certains dignitaires americains etaient bel et bien des entites oubliees, des rejetons de forces mystiques.
Abraham Lincoln, un autre fils de Yig, une peau verdatre sous un collier de barbe.
" Enfin te voila Eustache, tu auras pris ton temps mon frere", tonne la voix de Linkum.
" Euh oui, s'cusez, y avait du trafic sur la 440 et en plus..."
"Suffit. L'important est que tu sois la. L'avenement de notre regne est proche Eustache, et tu vas en etre partiellement responsable. Certains conspirateurs on depuis plusieurs annees tente de nous eliminer. Je fus la victime de leur malveillance, mais d'autres suivirent. Un siecle apres avoir tate du plomb, le petit irlandais aussi eut droit au meme traitement".
" Quoi, lui aussi etait un fils de Yig?!", s'etonne Tatache.
" Bien sur, grand naif. Ne t'etonne pas du nombre affolant de disparitions douteuses dans ce pays. Et encore, on ne parle jamais de ceux qui comme toi, lutte dans l'ombre pour la reussite de notre cause", continue Linkum.
" Encore que moi si on regarde bien, j'ai jamais franchement demande a etre...", tente Eustache.
" Tais toi. Nous avons neanmoins un avantage. Depuis 40 ans maintenant, ces traitres pensent avoir elimine un autre seigneur reptilien. En verite, il est toujours en vie. Et c'est lui que tu vas devoir rencontrer Eustache. Il t'attend a Atlanta, dans un temple dedie a sa memoire. Si seulement ces naifs pouvaient savoir".
" Ah non, je retourne pas dans le sud moi, la derniere fois j'ai failli me faire becqueter par un aligator de 3 metres!"
" Tu iras, et pas plus tard que ce soir. Ton train pars dans 2 heures, quelqu'un s'est deja occupe de fair ton sac, tu le recupereras a la consigne de la gare".
" Bonjour l'intimite, je commence a en avoir marre moi que n'importe qui fouille dans mes affaires...".
Ainsi s'acheve les aventures de Tatache a Washington. Il passera 14 heures dans le train a s'attendre au pire qui, de toute evidence, ne manquera pas d'arriver.

dimanche 3 juin 2007

Racine cubique de Barbecue= Istanbul


Au fond de l'enveloppe, une carte. Une adresse: 222 Calumet Street. Plus trop de choix, Tatache se met en route. Il redecouvre ce metro miteux et trainard qu'il avait volontairement oublie, il reprend l'habitude d'aller plus vite a pinces qu'en bus.
Il arrive au sommet de cette colline, refuge de classes populaires hispanophones. En ce dimanche, les morveux jouent au baseball et les parents font semblant de s'y interesser a grands renforts d'exclamations et de gesticulations grotesques.
Tatache sonne. La porte s'ouvre rapidement et devoile un petit etre chauve et barbu, au visage plus que rond et tout autant jovial.
" Entrez cher M. Pinkwood, je vous attendais"
Eustache decouvre alors un large appartement dans la pure tradition bostonienne: ecran de television de 57 pouces, sofas a l'allure menacante et cadavres de bieres. Apres les echanges de politesse habituels, Tatache voulut en venir au fait, et au plus vite.
" Bon alors flute, c'est quoi cette histoire? Et puis comment, et aussi pourquoi, vous etes rentre chez moi? Hein des fois, dites donc", dit-il avec l'energie des feroces.
" Chaque chose en son temps mon cher. Des amis doivent nous rejoindre ce soir. Nous aurons le temps de deviser apres coup".
Toute la dite soiree, Tatache fut fort etonne d'entendre autour de lui une foultitude de diatribes envers l'actuel gouvernement, et tout aussi perdu d'entendre converser sur des themes aussi divers que la physique quantique et les sequences parcellaires.
La soiree avancant, l'ambiance vira a l'oriental. Les couleurs et les odeurs changerent etrangement et bientot, on se serait cru a la cour d'un grand sheik (les saveurs d'animaux morts en broche y etaient pour beaucoup).
Epuise, Tatache s'endort comme une masse, divaguant sur de lointaines princesses d'Orient et d'appetissants petits moutons. Quelques heures plus tard, un voile lui effleure le visage. En ouvrant les yeux, il decouvre avec surprise (le mot est bien faible certes), un derviche tourneur en train de s'exercer.
Tatache se releve et aussitot, l'artiste stoppe son manege et le toise avec insolence. Sortant un enorme coutelas de sous sa robe, il s'exclame alors: "Astaroth! Abrem Linkun, Abrem Linkun!"
"Hein, quoi!?", lui repond Eustache.
" Abrem Linkun, Abrem Linkun!!!". Le derviche se precipite alors sur lui. Malin comme pas deux, Tatache avait bien pense a laisser son calibre sous l'oreiller. Devancant l'action du fourbe, il lui envoie une bonne bastos de 38 entre les mirettes. Plus de doutes, il lui faut fuit en avant. Laissant la maison derriere lui, il saute dans le premier train, direction Washington (l'avenir prouvera que les actes manques existent aussi chez les super-heros binoclars).

samedi 2 juin 2007

Tatache: splendeur de la honte et epiphanie

Petite note avant qu' commence les petits namis: faire des accents sur un clavier quebecois c'est penible mais alors sur un clavier amerloque c'est pas possible. Alors voila, pas d'accent pour les semaines qui viennent (les pas contents s'adresseront a Bernard Pivot...). Allez, on s'y remet...

Boston. La nuit passee dans le wagon de la compagnie de transport du Levrier avait laisse a Tatache un arriere gout dans la bouche, sorte de chewing-gum condamnee a hanter un ratelier. Bien fourbu, les membres gourds (oui, tous...) et les yeux qui piquent quand on leur accorde un degre d'ouverture superieur a 20 degres, Tatache se demandait bien ce qu'il faisait dans sa ville natale.
La douane. S'il ne fallait retenir qu'un motif a son expatriation, il choisirait definitivement ces tronches mal degrossies, affublees bien souvent d'une moustache typique " a la Pancho Villa" et d'une coiffe de premier communiant qui sniffe en cachette les culottes de sa grande soeur. Oui, Tatache les deteste les douaniers. Une heure du matin, tout le monde descend au poste frontiere. Vue l'heure avancee, faut pas trop brusquer la populace de la diligence. Vous imaginez la suite, deux trouffions en bleu marine vont se regaler a appliquer la bonne methode d'intimidation et d'interrogation, celle que Goebbels et Himmler trouverent un soir en regardant Greta Garbo et Jesse Owen a la Star Ac' de 1936.
Et puis, oh pas de chance, Tatache n'a pas les bons papiers qu'il faut pour rentrer dans encombre sur le territoire des imperialistes en culottes courtes. Donc zou!, passage obligatoire par une deuxieme salle de torture mentale ou un autiste tout aussi laid lui fait remplir sur l'honneur des declarations qui insulteraient meme l'intelligence d'un ministre UMP (non je n'ai pas fait de ratatouille d'enfants, non les machettes au Rwanda c'etait pas moi, etc etc...). Il les deteste, il les deteste, il les deteste (je l'ai dit trois fois donc logiquement, ils devraient tous exploser dans leurs tripes a l'instant meme).
Difficile soiree donc, et encore vous ne savez pas tout. Avant de s'engager sur les routes ricaines, Eustache avait un ultime rendez vous avec son fidele compagnon Andy L. Robert. Bousifaille en tous genres et ce n'est qu'au moment de partir que notre heros s'appercoit que diable!, son exemplaire de Sakisakarot, recueil de poesie runique reptilienne, etait restee au frigo. Comment faire alors pour accomplir son voyage? L'issue semblait insondable.
En arpentant ce matin les rues familieres du vieux Boston (prononcez Bosse-thon s'il vous plait), et n'ayant toujours pas de nouvelles du fameux Blake, qu'il se resolut a rendre une petite visite au Boston Chronicles, feuille de chou a ras du caniveau qui avait accepte avec circonspection ses premieres chroniques qu'il etait le seul a qualifier de "politique". Deux ans durant, l'editorialiste avait supporte ses divagations sans queue ni tete sur un eventuel complot judeo-policier, jusqu'a ce qu'un beau matin la coupe fut pleine de moutarde au point de casser la cruche qui n'avait franchement pas besoin de ca. Cette fois non, on ne pouvait accepter dans les colonnes du journal sa theorie selon laquelle tous les presidents depuis Lincoln etait en fait les avatars de seigneurs serpents attendant dans l'ombre d'un bayou de Virginie le moment propice pour leur invasion. Avec force tambours et trompettes, Tatache fut vire a grands coups de pompes.
Entrant donc dans les locaux du journal, quelle ne fut pas sa surprise de retrouver, fidele a son poste, Lilly Earp. En depit de ses 60 ans bien pousses, Lilly savait encore comment gerer d'une main de fer les affaires de son secretariat. Passees les formalites d'usage et l'evocation forcee des bons souvenirs, la bonne femme s'exclama:
" Ah!, mais j'allais completement oublie". Elle sortit alors une large enveloppe marron et la tendit a Eustache.
" T'as du courrier. C'est arrive ce matin."
" Mais je bosse plus la, c'est quoi cette histoire?"
" Je sais-tu moi?"
Ouvrant le volumineux paquet, Tatache en sortit un epais volume noir, aux pages jaunies et odorantes.
" C'est quoi alors, dis donc?"
Petrifie, Eustache ne pouvait plus decoller son regard de la note qui accompagnait le dit volume.

Monsieur Pinkwood

"Vous etes bien tete-en-l'air, ca ne vous ressemble pas. Vous avez oublie ca a cote du bac a legumes, je me suis dit que ca pouvait vous servir. La prochaine fois, faites une liste..."

Blake