lundi 17 novembre 2008

Syllogisme


Les pieds dans le vide, dandinnant gentiment de gauche à droite, d'avant en arrière, tapent contre le mur, reprennent leur position. Et encore. Le petit Michel est assis sur le petit muret. C'est le sien. Son muret. Ses pierres à lui, couvertes de mousse par endroit, mordue par le goudron écaillé par d'autres.
Michel, il est bien là. Il est cool, ça lui plait.
Tiens, des vélos.
"Connard, ta race! 'Culé, mange tes morts!".
"Qui c'est ceux là?", se dit le petit Michel.
Les vélos se rapprochent, un peu. Plutôt vite en fait. Michel a fait involontairement un vite calcul. Dans une sixaine de secondes (ouais, une sixaine, exact), les vélos seront à sa hauteur.
Ca laisse donc tout juste 6 secondes au petit Michel pour se casser de là, et survivre. Mais Michel n'est pas conscient de la précarité dans laquelle se trouve sa petit vie, à ce moment. Non pas qu'il soit con Michel. Non non. Il est même plutôt malin pour son âge en fait. Il est juste inconscient. Inconscient comme on l'est à 10 ans (je dis ça, je fais une approximation à la louche, c'est peut être un chouia plus ou un peu moins).
Bref, Michel ne va pas descendre du mur dans les six secondes. Et donc, il va crever. CQFD.
Ah oui d'ailleurs, j'ai spécifié l'âge de Michel juste avant. 10 ans. On dit souvent 10 ans quand on pense à un gamin sympa, la bouche en coeur, le rose au front, la fleur au fusil. D'ailleurs Hollywood adore les mioches de 10 ans. Vachement pratique pour faire chouiner l'audience. Vous l'aurez compris donc, j'ai fait ça pour amener le pathos. Malin, non?
Ca y est, les vélos sont arrivés jusqu'à Michel. Ils se sont arrêtés d'ailleurs (mais ça, ça vous surprend plus vraiment, non?).
"Quesse tu fais là toi?"
"Rien"
"Ta gueule j'te dis! Quess tu fais là?!"
"Bein rien!".
Michel descend du mur. Enfin, pas volontairement. Le plus gros de la bande de trois vélocipédistes (un abruti pubère comme on en fait plein) l'a bien aidé. Il a tiré de ses deux bras gras les chevilles frêles du petit Michel (ah pathos quand tu nous tiens...). Michel s'est donc cassé la gueule. Il est par terre (mais pas debout, comprenez).
"Vas y qu'on lui explose la tronche à c'tenculé!".
Et c'est ce qu'ils font. Sans trop de haine, non. Juste avec un peu de violence. Pas celle des guerres, des intifadas ou des croisades. Non non, avec de la furie ordinaire, celle du blaireau dans sa caisse sur le périph', celle du supporter de foot, celle du courtier en bourse (ouais tiens, pourquoi pas faire passer ces ramassis de lépreux congénitaux au rang des ennemis publics, je suis pour).
On meurt rarement des suites de coups de tatanes de pubères en vélo.
Sauf si on a très peur et qu'on est cardiaque.
Le petit Michel a très très peur.
Michel est cardiaque.
Il meurt.

Syllogisme.

samedi 24 mai 2008

Bernard Pivot en solde

Ca ne vous interessera surement pas (une fois de plus), mais voilà deux trois trucs lus récemment par mes propres yeux personnels.


Choke, de Chuck Palahniuk (pas sur de l'orthographe mais bon, quand on a un nom comme ça, on peut pas faire le difficile). Y a un an, j'avais déja parlé d'un autre de ses bouquins qui m'avait fait fort bonne impression. C'est officiel désormais, le gugusse est rentré dans ma caste des chouchous. Pourtant à la base, j'avais quelques a priori (allez savoir pourquoi, par snobisme sans doute. Ou alors à sa popularité due à Fight Club). Dans Choke, on y trouve un érotomane compulsif, genre d'intermitent du spectacle névrosé par sa mère (un de plus) qui essaye tant bien que mal de se sevrer et d'en apprendre un peu plus sur son vécu. Et c'est pas son pote détraqué du bulbe ou sa mère en état végétatif aigu qui vont l'aider. C'est du très bon. Si on cherche un livre frais où que ça sent bon la violette, on passera son chemin. Mais si on veut se poiler à observer les moeurs pervertis de notre société du zizi-sexuel, you're welcome.

The Devil Tree. Bonhomme encore jamais lu jusqu'à présent, dont on me disait le plus grand bien. Tétu comme pas deux, j'ai attendu de lire une biographie très succinte de ce dernier avant de franchir le pas. Impressionnant pédigré si l'en est, genre qu'on imagine dans les films (espionnage, fuite, histoire à la self-made-man). Respect donc pour l'homme et finalement aussi, il faut bien le dire, pour l'oeuvre. C'est peut être une des premières fois où j'ai l'impression de lire de l'anglais comme du français. Sans doute parce que l'anglais était la seconde langue de Kosinski (ouais, ça calme un peu, après on déprime un peu quand on relit les galimatias qu'on peut produire dans notre langue maternelle. Pour se consoler, on dira que le français est plus difficile et que s'il voulait vraiment faire le mailn, il avait qu'à écrire en ouzbek, Kosinski...). L'histoire aussi fait bouger (du monde on en voit, des gens on en croisent), on se met illico dans les baskets de ce perso en marge que l'on dépiote au cours des pages. C'est simple, une prose fulgurante et touchante, on aimerait lire des phrases comme ça au petit dej, et tous les matins si possible. Non vraiment, respect. Paix à ton scalp Jerzy...

Et pour finir, du Michael Connelly. Oui c'est bon, foutez-vous de ma gueule, depuis le temps que je me refuse à lire ce type. Ben franchement j'avais raison. C'est long, trop long. J'ai cru que le gars avait un parcours typique genre "j'ai commencé flic et j'use de ma longue carrière pour trouver l'inspiration", mais même pas, il a fait que ça. Ca craint. Le bouquin s'appelle La Glace Noire, c'est 500 pages qu'on aurait pu condenser en deux fois moins. L'histoire est pas mauvaise en soit, mais quand j'ai droit à deux ou trois coups de feu dans tout le récit, j'ai franchement l'impression qu'on s'est foutu de ma face. C'est bavard et ça brode pour rien. Les persos sont inconsistants (trop peu décrits, peu analysés), nombreux (ça aide pas), dur de s'y accrocher. Je crois que c'est son deuxième roman. Si je me sens d'humeur clémente, je lui donnerai peut être une seconde chance un de ces quatre, histoire de voir s'il est capable de me placer une fusillade, une poursuite en bagnole, des filatures (du Hollywood tout mâché quoi). En plus, j'ai lu ça en version française. Du grand n'importe quoi, j'en ai marre de ces traducteurs à la mange moi le noeud qui se refusent à utiliser un vocabulaire adapté sous prétexte qu'il faut coller aux exigences grammaticales de la langue. Exemples parmi tant d'autres: deux flics genre beignets et grosses bedaines papotent dans le comissariat. L'un deux sort des phrases du style "Cela m'étonnerait" ou "Vous auriez besoin de vous raser". Aaaaarghh!!!, on va dire que je chipote mais non merde! Si on veut faire vrai, le flic dit "Ca" (vous le dîtes vous "Cela"? Et en plus vous n'êtes pas flic, pour la plupart vous avez fait des études et vous êtes nés comme moi avec une cuillère en argent dans la gueule et un Bescherelle dans le fion). Le second exemple démontre la stupidité et le niveau ras du caniveau des traducteurs. "Vous auriez besoin de vous raser" (dit lors d'un enterrement, du chef à son sbire) est l'évidente traduction de "You'd need a shave" en anglais standard flic beignet. C'est quoi ce délire? Plus que de la minauderie, c'est un contresens. On se serait logiquement attendu à un "Faudrait vous raser", qui aurait fait nettement plus colloquial et moins plume dans le fion. On me contredira si on veut, mais sachez que vous avez tort, quoi qu'il en soit.
La prochaine fois, autre chose.

dimanche 18 mai 2008

Passe-moi le sel!


On a des bonnes idées nous les humains. Des fois non. Nouvel exemple de notre sévère propension à l'ubuesque (définition que l'on trouve également à l'entrée "ubuétitude" dans le Dictionnaire Socialiste de Déséducation par S.Royal et J.Dray aux Editions du Cherche Midi à 14h).
Donc. La sécheresse sévit, et ça ne va pas aller en s'améliorant. Plutôt que sécheresse, je devrais dire pénurie d'eau ou défaillances d'approvisionnement ou encore rétention criminelle de fluide vital par les états du Nord. Qu'à cela ne tienne, on a eu une formidable idée. Quand je dis "on", je parle au nom des scientifiques des États mentionnés ci-avant. L'idée la voilà: développer de manière formidable (qui a dit fantaisiste au fond de la classe?) de gigantesques usines à dessalement. Bon sans mais c'est bien sur! Si l'eau ne vient pas à toi, la plage viendra à toi.
On pourrait dire "tiens, c'est pas con, ça pourrait-il que ça marche?". Quand je dis "on" ici, je parle au nom du groupe d'ascientifiques que je forme avec les gens qui acceptent encore de me fréquenter. Et si les deux trois qui on fait S au lycée ne sont pas contents, c'est la même chose. Je continue.
Deux problèmes agrémentent ce superbe projet (qu'on a déjà bien entamé d'ailleurs). Quand je dis "on" ici... ça va j'ai compris. Premier souci: les dites premières usines ont été construites principalement au large de la Californie et d'Israel (pas le chat de Gargamel, le chien-chien d'Oncle Sam). Vous me direz, il fait chaud là-bas et c'est vrai que la flotte ça doit pas déborder en sous-sol. Certes, mais quand on voit les revenus de ces régions, y a de quoi en amener autrement il me semble. Ah oui c'est vrai tiens, c'est un peu loin de l'Afrique Sub-saharienne par contre. Pas de projet, pas de flotte, pas d'usine à dessaler (puisque pas de mer, évidemment).
Deuxième souci, pour chaque quantité d'eau dessalé, on rejette dans la mer ("on"= les autres enculés, vous suivez?) une quantité égale de saumure. C'est là que les potes de Terminale S se marrent. Moi le saumure, connaissais pas. J'ai pensé à un alliage douteux (saumon+ chaussure par exemple, pardon...), mais la vérité est que c'est tout simplement de la flotte saturée en sel. Bref, la saumure (oui c'est une fille, comme toutes les choses mal dosées en ce monde. Notez à ce propos que maladies, infections et autres dérèglements corporels, et souvent mortels, sont presque exclusivement du genre féminin. A contrario, pastis, whisky ou moteur, ne doivent leur bon dosage qu'à leur affiliation au genre masculin. Fin de la parenthèse qui me vaudra à n'en pas douter une bonne claque sur le pif. M'en fous, j'ai bien rigolé).
La saumure donc a pour particularité principale d'augmenter considérablement l'acidité de l'eau. Depuis les débuts de l'ère industrielle (j'arrive jamais à dire Révolution, va savoir pourquoi...), l'acidité de nos mers et océans a augmenté de 20%. Et forcément ça va s'accélérer jusqu'à atteindre potentiellement un sympathique +150% d'ici la fin du siècle. Et quoi que ça fait l'acidité de l'eau. Et bien, ça aspire un max de CO2, ça le retient et fait donc ainsi péter la cocotte niveau gaz à effet de serre.
En réponse à ces idées à la con, je ne peux donc m'empêcher d'en proposer une à mon tour. C'est mon droit après tout, en dépit de mon Bac-2 en Physiques. Je propose alors d'installer de gigantesques capotes au dessus des centrales nucléaires dans le but de récupérer la vapeur d'eau. Tout d'un coup, le nucléaire deviendrait vachement bandant.

jeudi 15 mai 2008

Le cortège des Bisounours


Désormais, Tatache a un peu plus de temps, il revient donc gribouiller ses nazeries.
Pour recommencer, un petit résumé de cette riante journée de grève.

10h30: pas mal de monde sur le parvis de la gare. Pour la première fois, les flics défilent en avant de la CGT. Non non, je parle pas des bleus narquois qui se tripotent la matraque, mais bien de flics en civil venus manifester avec l'engeance des gauchos rabougris. Peu de profs de mon bahut, encore moins d'élèves (à la louche, je dirais cinq) qui de toute façon stoppèrent leur cortège après 300 mètres, entre le McDo et la Fnac (de la merde pour les oreilles, et aussi pour le pancréas).

Midi et quelques...: arrivée place du Palais. Les gugusses de la LCR ont eux décidé de s'arrêter à la mairie, sans autre explication. En haut donc, le traditionnel galimatia des délégués syndicats crachés dans le système son haut de gamme Larcen et Crachotis. Je me suis rapproché en fin de compte pour entendre le mec de la Cfdt jurer sa fidélité à la lutte intersyndicale et consorts... Grand moment de marade intérieure. Peu de temps après, remballez drapeaux et bonnes intentions, c'est vrai qu'il se fait tard et qu'un gréviste printanier, ça a aussi besoin de son entrecôte-frites. Par acquis de conscience, je suis allé demander à FO s'ils envisageaient de reconduire le mouvement. C'est moi qui ai dû le faire marrer à ce moment là. Paraît-il qu'il étaient chauds mais que les autres non. J'en fini plus d'être étonné dîtes donc. Enfin bon, je me serais consolé avec une vison quasi-féerique en ces temps de jeunesse molles du ravioli. Un p'tit jeune de 13 ans avec son pôpa, portant tout fier un drapeau de la CNT, apprêté d'un crinière à la Conan le Barbare et d'une paire accueillante de rangers. C'est maigre peut-être, mais ça cache le ridicule de la dernière scène: le camion de la Cgt repartant à travers la place, Antisocial de Trust à fond les ballons. Les gentils touristes qui bouffaient leur salade aux lardons ont bien dû se sentir incommodé une trentaine de secondes. Aux dernières nouvelles, la Cgt n'a pas l'intention de s'excuser. Grands fous...

lundi 17 décembre 2007

Les vocalises du porte-manteau


"L'existentialisme, c'est vraiment bandant" (Jean-Paul S.)
"Le troisième sexe, c'est celui des autres" (Simone de B.)


On le savait pas, mais Sarkozy a un gêne commun avec les plus grands footballeurs de notre ère. Ouais, on l'ignorait. Tout comme un Carlos Tevez ou Frank Ribéry, deux exemples probants de la belle ganache, notre illustre régent possède cette qualité unique: le fric le rend beau. Si si. J'en étais resté aux vagues échos associant sa couche à celle de Laurence Ferrari, et je me disais déjà à l'époque "eh oh faut pas déconner, faut quand meme vouloir se l'enfiler l'autre et sa Rolex". Soit dit en passant, paraît-il que le cadran seul du dit objet excède le poids du service trois pièces du président. Non je sais c'est mal, on attaque pas les gens sur leur physique. D'autant qu'il est trop facile de supposer qu'un nabot aux tics compulsifs possède intrinsèquement une p'tite bite. Oups, j'ai encore craqué. Ok pardon.
Donc bref. Surprise ce matin quand j'entends sur Inter l'annonce de l'union (non-consacrée par l'Eglise, quelle infamie!) du pitre en question avec Carla Bruni. Eh la je me suis tout de suite fait cette réflexion: Eva était aussi mieux foutue que le petit Adolf. En même temps ils vont bien ensemble. Aucun talent sinon celui de savoir jouer du bagou, de montrer sa gueule devant les photographes. Quoi, Carla Bruni a aussi fait de la chanson? C'est vrai tiens, je me souviens effectivement de borborygmes sourds qu'accompanait un gentil "plouink plouink" sur une guitare volontairement étoufféé...
En tout cas réjouissons-nous, notre monarque a déjà retrouvé compagne. Le royaume n'était pas en péril puisque le petit Louis doit reprendre le flambeau de papa. Pour l'instant, il peaufine son éducation devant Mimi Mathy, les Experts et la Roue de la Fortune. Si Carla nous en pond un un de ces jours, il pourra lui prêter main forte dans la gestion du parti national socialiste de son pôpa.
Paraît que Paris Match et autres torche-culs vont publier d'ici peu les photos des deux tourtereaux chez Mickey en train de bouffer de la barbe à papa (vous vous attendiez pas à les trouver à l'opéra non plus?).
La farce frise le ridicule. Allez Carla, ravale le reste de ta fierté éparpillée sur la queue de Pluto. Quant à toi mon petit Nicolas, retire-toi.

vendredi 14 décembre 2007

Vous reprendrez bien un peu de merde, non?


"Des fois, rien ne vaut une bonne cuite et une bonne gerbe pour se remettre les idées au clair" (La Marquise de Sévigné à Henry Miller)

Là j'ai pas trop le choix. Après la semaine qu'on vient de se taper les cocos, ce serait fort de café de fermer sa gueule encore plus longtemps. J'avais pas prévu de sortir de mon gouffre aujourd'hui mais un petit tour sur libé (journal d'informations jadis de gauche tendance existentialiste, aujourd'hui organe bande-mou d'un PS qui ne bande plus) en a décidé autrement.
Je passe d'abord sur la forte démonstration de démocrazy. Khadafi se casse demain après 5 jour dans la capitale. Notre adoré nouveau consul l'avait gentiment convié à planter sa tente de faux manouche (vrai bâtard) dans la cour de l'hôtel Marigny. Non pas que je m'offusque de cet affront fait aux bâtiments de la République, c'est plutôt la présence de cette face de cochonaille qui me fait sortir les rognons par les cavités nasales. Paraît-il qu'il est fréquentable maintenant, qu'il s'est engagé à rectifier le tir niveau torture et tout le toutim. L'argent n'a pas d'odeur, on le savait déjà. Avec Sarkozy, on sait maintenant qu'il sent la merde parfois. Mais il paraît aussi que tout ce pognon va profiter aux ouvriers et qu'il est donc impossible de lui en tenir rigueur. Ceux qui se marrent au fond, sortez. Seul point positif, le nabot s'est fait fermé sa trappe qui ne s'ouvre que pour japper et rôter la daube qu'il s'enfile au nom du profit (qui nous reviendra, ne l'oublions pas). Presque pas vu de la semaine dis donc. Ah oui, on en a entendu parlé par contre. Par l'intermédiaire de Khadafi en personne. On a les amis qu'on mérite...

Et puis ce soir, le vomitif. Le camp de SDF a été levé sur Paris. Le gouvernement a accepté de reloger (partiellement, ponctuellement, et avec le financement d'organisations locales) les quelques 400 familles qui commençaient sérieusement à se peler ce qui leur restait de miches. Mais le gouvernement a prévenu (je fais du copié-collé là): "Toutefois, l’Etat ne renouvellera en aucun cas un accord de ce type si de nouveaux campements urbains étaient organisés par les associations signataires ou d’autres associations". Eh oui faut pas déconner. On veut bien reloger les pauvres mais au passage on met en garde les gugusses de l'année dernière. Ne vous avisez pas de nous replanter des tentes sur le canal Saint Martin ou vous pourrez vous brosser pour vous trouver des préfabriqués qui crameront au premier pet de papi. Là déjà, ça sent pas bon. Et puis le bouquet, offert magistralement par Christine Boutin. Pour ne plus la présenter, notre ministre du logement s'est faite connaître pour ses positions top modernistes et éclairées du style "dehors les bougnoules, les noirs et les pédés!", ou alors "le pacs, c'est rien qu'une invention pour les pédés!" ou encore "l'IVG c'est bon pour les câtins, les irresponsables...et les pédés tiens!". Donc, cette charmante râclure de fond de tableau y est allé de son petit commentaire. Et là encore, je vous le livre tel quel. Elle fait les gros yeux et ordonne aux sans-abris de ne «surtout ne pas aller sous des tentes si par hasard il y a des campements». Je marque un temps d'arrêt, j'essaye de ne pas m'énerver davantage. Nan, vraiment j'y arrive pas. Si quelqu'un a une explication logique à cette phase, j'attends. Dans quel merdier on est sans déconner. Quand une soit disant "haut responsable" de l'Etat balance des trucs comme ça (et que tout le monde s'en carre la courge), je tombe dans une névrose consternée par la connerie de ce monde, la gerbifiante débilité de tous ces tocards qui ont voté (choisi donc) ce gouvernement là. Ouais, je vous en veux encore, et ça va durer encore. Une fois de plus, je vous fais une petite démonstration de haine. Par bonheur, mes amis conchient tous ce guignol aux manettes. C'est peut être de l'auto-satisfaction (ça fait du bien des fois), et je me console en me disant qu'on a toujours le choix d'avoir les amis qu'on mérite.
En parlant de vous, je n'ai toujours pas trouvé l'occasion (à ma grande honte) de vous donner des nouvelles à tous (la colonie franco-montréalaise notamment). J'y travaille et je pense à vous. Les rapatriés et les pas-encore-partis (revenus)également.

Pour finir (si vous ne savez pas quoi lire en ce moment): Murakami (évidemment), et James Kelman (A Disaffection surtout). Je crois qu'il a finalement été traduit en français.

samedi 1 septembre 2007

Les Bienveillantes


Ouais c'est bon, j'entends déjà les mauvais commentaires des esprits moqueurs. Les diatribes du genre "il t'a fallu tout ce temps pour le lire le bouquin ou quoi?".
Premièrement, non, ça fait bien longtemps que je l'ai terminé. Deuxièmement, et même s'il me fallait trois semaines pour lire 1000 pages, quoi que ça peut bien vous foutre sérieusement?
Donc non, l'absence n'est pas dû à mon manque d'attention et de concentration. Il m'a certes fallu un petit moment pour en venir à bout, mais n'allez pas tirer des conclusions là où il n'y en a pas.
Gros morceau donc que ce bouquin. Je crois bien que ce fût la première fois de ma vie que je lis un prix Goncourt encore vivant. Non pas que j'aime les auteurs morts (quoi que...), mais j'ai souvent peu d'entrain quand vient l'heure de s'attaquer aux réputés grands noms de notre littérature moderne. Bonne nouvelle donc, le prix Goncourt 2006 vit encore et, deuxième point de satisfaction, il est même pas français (selon les critères sarkozistes, faut savoir se mettre au goût du jour les zamis). Franchement, Jonathan Littell, ça sonne pas trop bérichon ni poitevin. Ca me fait un peu penser au tour de France en Angleterre tout ça. Passons.
Quoi dire de ce monstre donc? Vi, c'est un monstre. J'ai rarement été d'accord avec les canonisations de Duras (c'est pas sexiste), d'Ormesson (c'est pas politique) ou autre Mauriac (c'est pas religieux), mais force m'est d'avouer que là, pas d'objection. Personne ne lit l'intégralité des sorties littéraires, mais je me doute qu'après ce bouquin là, les gugusses genre Pivot ou Beigbeder (pardon Bernard pour l'analogie) ne sont pas allé chercher plus loin.
Franchement sidérant. J'ai commencé la lecture avec l'attention moyenne de celui qui ouvre un roman, puis très vite, je me suis laissé embarqué par la dimension historique de la chose. Les détails plus que minutieux m'ont tout d'abord effaré, j'ai pris soin de me référer constamment au glossaire pour éclaircir ma lanterne sur les sigles et diverses appellations. Rapidement, plus besoin, on est dedans et on capte facilement l'étendue des débats.
La trame individuelle se résume elle plutôt bien. Un jeune officier SS fait ses armes dans le conflit mondial, gravit les échelons de la hiérarchie parallèlement à son incursion dans les exactions de toutes sortes. A ça s'ajoute une sexualité torturée, mélange foireux d'homosexualité, d'inceste et de scatologie. Sur ce point, on appréciera nettement moins l'amalgame de pratiques que ne nierait point un Benoît XVI en pleine forme. Le point de vue "microscopique" de l'histoire n'est donc pas à mon avis la grosse réussite de l'oeuvre. Bien tenté la construction du perso torturé mais non. Un peu trop facile (et malsain) de voir ici le terreau du mal et du chaos. C'est vrai quoi, ou alors le nazisme n'était que l'apanage des psychopates. Et à ce qui me semble, l'Allemagne des années 30 n'était pas un centre fermé clinique ne contenant que pédophiles et débiles profonds (non, ça c'est à Clichy, c'est le président qui le dit). J'aurais donc d'autant plus apprécié de voir le terreau de l'infâme dans un gugusse hétéro, bien dans ses pompes et sa quéquette et qui ne fait pas caca dans les soutifs de sa soeur. J'en demande trop, pardon...
C'est du côté "macroscopique" qu'il faut regarder pour en prendre plein la face. J'aime employer ces expressions bien pompeuses à force d'avoir été ressucées par des générations d'universitaires frustrés. Bref. L'aspect documentaliste prend vite le pas, je pense, sur l'intrigue toute moyenne de l'individu (on va éviter de parler de "héros" ok?). Au résultat, j'ai plus eu la sensation d'être plongé dans un recueil historique hallucinemment documenté que dans un simple roman. Les étapes de vie de Aue (notre gugusse scato) servent habilement à nous transporter du front grec à Stalingrad avant de revenir sous les bombes de Berlin et ses bunkers. L'ami Littell ne raconte pas de conneries en plus (ça devrait t'intéresser Max Gallo), une floppée d'historiens plus poussiéreux les uns que les autres sont unanimes: la trame du conflit, ses débats intérieurs ainsi que les relations entre hauts dignitaires du Reich ont été scrupuleusement étudiées et restituées.
Conclusion. Pour les pérégrinations, on préferera du Hemingway mais question intérêt historique, on est dans le vrai. Ok, la taille du bouquin ne rentre pas dans le programme express collège-lycée, mais une bonne compilation devrait être plus pertinente que ces nouvelles 3 minutes de Guy Môquet.