lundi 17 décembre 2007

Les vocalises du porte-manteau


"L'existentialisme, c'est vraiment bandant" (Jean-Paul S.)
"Le troisième sexe, c'est celui des autres" (Simone de B.)


On le savait pas, mais Sarkozy a un gêne commun avec les plus grands footballeurs de notre ère. Ouais, on l'ignorait. Tout comme un Carlos Tevez ou Frank Ribéry, deux exemples probants de la belle ganache, notre illustre régent possède cette qualité unique: le fric le rend beau. Si si. J'en étais resté aux vagues échos associant sa couche à celle de Laurence Ferrari, et je me disais déjà à l'époque "eh oh faut pas déconner, faut quand meme vouloir se l'enfiler l'autre et sa Rolex". Soit dit en passant, paraît-il que le cadran seul du dit objet excède le poids du service trois pièces du président. Non je sais c'est mal, on attaque pas les gens sur leur physique. D'autant qu'il est trop facile de supposer qu'un nabot aux tics compulsifs possède intrinsèquement une p'tite bite. Oups, j'ai encore craqué. Ok pardon.
Donc bref. Surprise ce matin quand j'entends sur Inter l'annonce de l'union (non-consacrée par l'Eglise, quelle infamie!) du pitre en question avec Carla Bruni. Eh la je me suis tout de suite fait cette réflexion: Eva était aussi mieux foutue que le petit Adolf. En même temps ils vont bien ensemble. Aucun talent sinon celui de savoir jouer du bagou, de montrer sa gueule devant les photographes. Quoi, Carla Bruni a aussi fait de la chanson? C'est vrai tiens, je me souviens effectivement de borborygmes sourds qu'accompanait un gentil "plouink plouink" sur une guitare volontairement étoufféé...
En tout cas réjouissons-nous, notre monarque a déjà retrouvé compagne. Le royaume n'était pas en péril puisque le petit Louis doit reprendre le flambeau de papa. Pour l'instant, il peaufine son éducation devant Mimi Mathy, les Experts et la Roue de la Fortune. Si Carla nous en pond un un de ces jours, il pourra lui prêter main forte dans la gestion du parti national socialiste de son pôpa.
Paraît que Paris Match et autres torche-culs vont publier d'ici peu les photos des deux tourtereaux chez Mickey en train de bouffer de la barbe à papa (vous vous attendiez pas à les trouver à l'opéra non plus?).
La farce frise le ridicule. Allez Carla, ravale le reste de ta fierté éparpillée sur la queue de Pluto. Quant à toi mon petit Nicolas, retire-toi.

vendredi 14 décembre 2007

Vous reprendrez bien un peu de merde, non?


"Des fois, rien ne vaut une bonne cuite et une bonne gerbe pour se remettre les idées au clair" (La Marquise de Sévigné à Henry Miller)

Là j'ai pas trop le choix. Après la semaine qu'on vient de se taper les cocos, ce serait fort de café de fermer sa gueule encore plus longtemps. J'avais pas prévu de sortir de mon gouffre aujourd'hui mais un petit tour sur libé (journal d'informations jadis de gauche tendance existentialiste, aujourd'hui organe bande-mou d'un PS qui ne bande plus) en a décidé autrement.
Je passe d'abord sur la forte démonstration de démocrazy. Khadafi se casse demain après 5 jour dans la capitale. Notre adoré nouveau consul l'avait gentiment convié à planter sa tente de faux manouche (vrai bâtard) dans la cour de l'hôtel Marigny. Non pas que je m'offusque de cet affront fait aux bâtiments de la République, c'est plutôt la présence de cette face de cochonaille qui me fait sortir les rognons par les cavités nasales. Paraît-il qu'il est fréquentable maintenant, qu'il s'est engagé à rectifier le tir niveau torture et tout le toutim. L'argent n'a pas d'odeur, on le savait déjà. Avec Sarkozy, on sait maintenant qu'il sent la merde parfois. Mais il paraît aussi que tout ce pognon va profiter aux ouvriers et qu'il est donc impossible de lui en tenir rigueur. Ceux qui se marrent au fond, sortez. Seul point positif, le nabot s'est fait fermé sa trappe qui ne s'ouvre que pour japper et rôter la daube qu'il s'enfile au nom du profit (qui nous reviendra, ne l'oublions pas). Presque pas vu de la semaine dis donc. Ah oui, on en a entendu parlé par contre. Par l'intermédiaire de Khadafi en personne. On a les amis qu'on mérite...

Et puis ce soir, le vomitif. Le camp de SDF a été levé sur Paris. Le gouvernement a accepté de reloger (partiellement, ponctuellement, et avec le financement d'organisations locales) les quelques 400 familles qui commençaient sérieusement à se peler ce qui leur restait de miches. Mais le gouvernement a prévenu (je fais du copié-collé là): "Toutefois, l’Etat ne renouvellera en aucun cas un accord de ce type si de nouveaux campements urbains étaient organisés par les associations signataires ou d’autres associations". Eh oui faut pas déconner. On veut bien reloger les pauvres mais au passage on met en garde les gugusses de l'année dernière. Ne vous avisez pas de nous replanter des tentes sur le canal Saint Martin ou vous pourrez vous brosser pour vous trouver des préfabriqués qui crameront au premier pet de papi. Là déjà, ça sent pas bon. Et puis le bouquet, offert magistralement par Christine Boutin. Pour ne plus la présenter, notre ministre du logement s'est faite connaître pour ses positions top modernistes et éclairées du style "dehors les bougnoules, les noirs et les pédés!", ou alors "le pacs, c'est rien qu'une invention pour les pédés!" ou encore "l'IVG c'est bon pour les câtins, les irresponsables...et les pédés tiens!". Donc, cette charmante râclure de fond de tableau y est allé de son petit commentaire. Et là encore, je vous le livre tel quel. Elle fait les gros yeux et ordonne aux sans-abris de ne «surtout ne pas aller sous des tentes si par hasard il y a des campements». Je marque un temps d'arrêt, j'essaye de ne pas m'énerver davantage. Nan, vraiment j'y arrive pas. Si quelqu'un a une explication logique à cette phase, j'attends. Dans quel merdier on est sans déconner. Quand une soit disant "haut responsable" de l'Etat balance des trucs comme ça (et que tout le monde s'en carre la courge), je tombe dans une névrose consternée par la connerie de ce monde, la gerbifiante débilité de tous ces tocards qui ont voté (choisi donc) ce gouvernement là. Ouais, je vous en veux encore, et ça va durer encore. Une fois de plus, je vous fais une petite démonstration de haine. Par bonheur, mes amis conchient tous ce guignol aux manettes. C'est peut être de l'auto-satisfaction (ça fait du bien des fois), et je me console en me disant qu'on a toujours le choix d'avoir les amis qu'on mérite.
En parlant de vous, je n'ai toujours pas trouvé l'occasion (à ma grande honte) de vous donner des nouvelles à tous (la colonie franco-montréalaise notamment). J'y travaille et je pense à vous. Les rapatriés et les pas-encore-partis (revenus)également.

Pour finir (si vous ne savez pas quoi lire en ce moment): Murakami (évidemment), et James Kelman (A Disaffection surtout). Je crois qu'il a finalement été traduit en français.

samedi 1 septembre 2007

Les Bienveillantes


Ouais c'est bon, j'entends déjà les mauvais commentaires des esprits moqueurs. Les diatribes du genre "il t'a fallu tout ce temps pour le lire le bouquin ou quoi?".
Premièrement, non, ça fait bien longtemps que je l'ai terminé. Deuxièmement, et même s'il me fallait trois semaines pour lire 1000 pages, quoi que ça peut bien vous foutre sérieusement?
Donc non, l'absence n'est pas dû à mon manque d'attention et de concentration. Il m'a certes fallu un petit moment pour en venir à bout, mais n'allez pas tirer des conclusions là où il n'y en a pas.
Gros morceau donc que ce bouquin. Je crois bien que ce fût la première fois de ma vie que je lis un prix Goncourt encore vivant. Non pas que j'aime les auteurs morts (quoi que...), mais j'ai souvent peu d'entrain quand vient l'heure de s'attaquer aux réputés grands noms de notre littérature moderne. Bonne nouvelle donc, le prix Goncourt 2006 vit encore et, deuxième point de satisfaction, il est même pas français (selon les critères sarkozistes, faut savoir se mettre au goût du jour les zamis). Franchement, Jonathan Littell, ça sonne pas trop bérichon ni poitevin. Ca me fait un peu penser au tour de France en Angleterre tout ça. Passons.
Quoi dire de ce monstre donc? Vi, c'est un monstre. J'ai rarement été d'accord avec les canonisations de Duras (c'est pas sexiste), d'Ormesson (c'est pas politique) ou autre Mauriac (c'est pas religieux), mais force m'est d'avouer que là, pas d'objection. Personne ne lit l'intégralité des sorties littéraires, mais je me doute qu'après ce bouquin là, les gugusses genre Pivot ou Beigbeder (pardon Bernard pour l'analogie) ne sont pas allé chercher plus loin.
Franchement sidérant. J'ai commencé la lecture avec l'attention moyenne de celui qui ouvre un roman, puis très vite, je me suis laissé embarqué par la dimension historique de la chose. Les détails plus que minutieux m'ont tout d'abord effaré, j'ai pris soin de me référer constamment au glossaire pour éclaircir ma lanterne sur les sigles et diverses appellations. Rapidement, plus besoin, on est dedans et on capte facilement l'étendue des débats.
La trame individuelle se résume elle plutôt bien. Un jeune officier SS fait ses armes dans le conflit mondial, gravit les échelons de la hiérarchie parallèlement à son incursion dans les exactions de toutes sortes. A ça s'ajoute une sexualité torturée, mélange foireux d'homosexualité, d'inceste et de scatologie. Sur ce point, on appréciera nettement moins l'amalgame de pratiques que ne nierait point un Benoît XVI en pleine forme. Le point de vue "microscopique" de l'histoire n'est donc pas à mon avis la grosse réussite de l'oeuvre. Bien tenté la construction du perso torturé mais non. Un peu trop facile (et malsain) de voir ici le terreau du mal et du chaos. C'est vrai quoi, ou alors le nazisme n'était que l'apanage des psychopates. Et à ce qui me semble, l'Allemagne des années 30 n'était pas un centre fermé clinique ne contenant que pédophiles et débiles profonds (non, ça c'est à Clichy, c'est le président qui le dit). J'aurais donc d'autant plus apprécié de voir le terreau de l'infâme dans un gugusse hétéro, bien dans ses pompes et sa quéquette et qui ne fait pas caca dans les soutifs de sa soeur. J'en demande trop, pardon...
C'est du côté "macroscopique" qu'il faut regarder pour en prendre plein la face. J'aime employer ces expressions bien pompeuses à force d'avoir été ressucées par des générations d'universitaires frustrés. Bref. L'aspect documentaliste prend vite le pas, je pense, sur l'intrigue toute moyenne de l'individu (on va éviter de parler de "héros" ok?). Au résultat, j'ai plus eu la sensation d'être plongé dans un recueil historique hallucinemment documenté que dans un simple roman. Les étapes de vie de Aue (notre gugusse scato) servent habilement à nous transporter du front grec à Stalingrad avant de revenir sous les bombes de Berlin et ses bunkers. L'ami Littell ne raconte pas de conneries en plus (ça devrait t'intéresser Max Gallo), une floppée d'historiens plus poussiéreux les uns que les autres sont unanimes: la trame du conflit, ses débats intérieurs ainsi que les relations entre hauts dignitaires du Reich ont été scrupuleusement étudiées et restituées.
Conclusion. Pour les pérégrinations, on préferera du Hemingway mais question intérêt historique, on est dans le vrai. Ok, la taille du bouquin ne rentre pas dans le programme express collège-lycée, mais une bonne compilation devrait être plus pertinente que ces nouvelles 3 minutes de Guy Môquet.

lundi 13 août 2007

The Hills Have Eyes, mais pas de cervelle


J'avais entendu le meilleur comme le pire de ce fameux Hills Have Eyes. D'un côté, les partisans du "ouah, trop de la bombe le flim" et les autres tout aussi peu nuancés du "non mais n'importe quoi le flim de marde là". Tout ce que j'en savais s'en tenait à sa nature quelque peu zombiesque et que ce n'est ni plus ni moins qu'un remake de la pellicule de Wes Craven des années 70 (vous savez, le temps des paillettes et des confettis dans le derche...). Bref.
Eh bien voilà, sans trop entrer dans le scénar (léger comme un soufflé fromager de chez Carrefour), une gentille famille se retrouve coincée dans le désert du Nouveau Mexique et se fait chahutée par une bande de loqueteux post-nucléaires. Je sors juste d'une orgie de flims de Romero, Jackson et de Raimi alors j'étais particluièrement bien disposé envers le genre à hémoglobine et aux os qui craquent. Autant comparer la blanquette de veau de chez grand-maman aux boîtes de che Lidl. Sans déconner. Bon, niveau réalisation c'est pas vilain et on ne fait pas trop d'excès dans les effets spéciaux (quelques explosions par-ci par-là mais rien de trop) et le mauvais jeu d'acteur colle bien aux exigences du genre.
A part ça c'est mal construit, question de la montée de l'angoisse c'est raté (j'ai pu bouffer des chips au guacamole en même temps, c'est tout dire...), et on aurait aisemment pu s'abstenir d'une bonne demi-heure de pelloche.
Là où Tatache n'est pas content, c'est au niveau de l'éthique de la production (oui, Tatache chie souvent des pendules pour pas grand chose, il y peut rien, c'est son côté punk). On ne peut pas être victime et bourreau, c'est une règle essentielle fixée il y a près de 2500 ans par la convention d'Athènes. Enfin, seuls les descendants des Labdacides le peuvent, et avec classe s'il vous plaît. Enfin bref, c'est loin d'être le cas ici. Nos gentils zombies sont donc nés des expérimentations nucléaires américaines, voilà donc pourquoi ils sont si méchants (admirez la construction subtile des personnages). Même un piètre Resident Evil ou mieux, un 28 Days Later, ont compris une chose essentielle: on ne peut pas d'une part dénoncer les écueuils de sa propre civilisation tout en se réjouissant de l'anéantissement de ses pires créations, de ses monstruosités. Aucune prise de conscience, les gros vilains possèdent encore une indéniable part d'humanité (genre retour au primitif un brin mâtiné au Carbone 14), on peut y retracer une certaine généalogie. Pas grave, la brave famille républicaine laisse les civilités de côté et dézingue à tout va, c'est pas eux qu'ont commencé d'abord, na! Dans 28 Days, les streums sont streums à 100%, on ne se pose donc pas la question d'une éventuelle légitimité de l'éradication. Eh bien ici, on observe carrément ce fait édifiant: on peut être à la fois la source du mal (l'irradiation nucléaire), sa solution (atomisation à coups de pétoires, d'explosifs, de coups de haches, de tournevis...), et (c'est là que ça couille vraiment) l'alibi moral. Attendez deux secondes, ah non c'est bien ça, y a aucun alibi. La catharsis sans nemesis, putain c'est Oedipe qui aurait été content...
Et qu'on ne vienne pas me dire que c'est une autre subtile dénonciation de la violence de l'administration Bush parce que j'ai encore le bout du pied bien chaud pour ceux qui se sentent l'âme d'habiles politologues.
Eh merde, je viens juste de voir que la suite venait de sortir. J'ai pas fini de la sortir ma pendule moi...

jeudi 9 août 2007

Munich


Depuis une cure gastronomique de Chomsky, j'ai appris à me méfier des silences médiatiques et des choses que l'on ne développe pas dans les grands titres. Les dépêches Reuters et le journal de Pernaud ne font pas que de la rétention d'informations internationales, ils occultent aussi de traiter de bouquins, de flims et d'autres choses susceptibles de contrarier les aspirations de Coca-Cola.
On avait finalement très beaucoup peu parlé de Munich, un des derniers Spielberg. Ca me tracassait, j'ai encore eu l'impression qu'on me cachait des choses alors je l'ai regardé comme tout paranoiaque modéré que je suis.
Pour replacer les choses dans le contexte, le flim s'attaque bien frontalement à la chasse à l'homme lancée par le Mossad à la suite de la prise d'hotages de Munich aux JO de 72. J'ai eu peur au tout début d'assister à une démonstration hollywoodienne du "regarde comme les arabes sont sauvages, observe comme les juifs aiment leurs enfants", mais finalement Spielberg a fait les choses comme il fallait (enfin c'est que mon avis, y aura forcément des lecteurs de Minute pour me contredire). Mis à part quelques détails insipides visant à bien nous faire comprendre la psychologie torturée des assassins, et à essayer de nous faire gober que ces gentils messieurs des services secrets israéliens ont d'abord une âme et seulement ensuite des explosifs, on évite les écueils classiques. Et au résultat on a un flim bien intelligent et responsable sur le conflit palestinien. Et c'est là que je me demande pourquoi on en a si peu parlé. En même temps je veux pas franchement savoir, je crois avoir compris désormais le souci permanent dans nos médias de traiter unilatéralement de débats qui nécessitent un tant soit peu de jugeotte et d'ouverture d'esprit. Alors les flims où les arabes parlent de torts partagés et de violence aveugle avec les juifs, on comprendra que ça rentre pas dans la case du JT.
Tiens au fait. Après la Lybie, pourquoi ne pas envoyer Cécilia se faire sauter* à Ramallah histoire de mettre un terme au conflit?

*sens propre ou figuré, chacun choisira en fonction de ses affinités avec la République et ses icônes en carton pâte...

vendredi 27 juillet 2007

Perles scolaires et florilège d'éveil mental


Alors voilà, l'année scolaire est terminée depuis un bon moment maintenant. Elle fut bien riche en conneries, aberrations diverses et réflexions marécageuses. Je parle évidemment ici de la répartie des élèves, de leur interrogations existentielles ou soudaines réflexions sur le monde. Pour prouver à quel point la révolution n'est pas franchement prête d'arriver, voilà un petit pot vraiment pourri des choses entendues dans mes classes cette année...

"La France c'est un pays, ou alors c'est l'Europe? Et Paris, c'est en France?" (Samuel, 14ans).

"Monsieur je peux pas travailler, j'ai oublié ma boîte à lunch" (Kevin, 13 ans).

"Monsieur, j'ai pas pris mon Ritalin" (Le même Kevin).

"Ca veut dire quoi révolution?" (un futur votant UMP).

"C'est quoi x, v, i, i?" (non, ce n'est pas le petit cousin d'Obelix).

"Monsieur, j'peux-tu aller aux toilettes? Elle va me passer un tampon parce que je suis dans ma semaine et..." (une grande bavarde qui pense peut être que son prof a aussi 13 ans et qu'il faut bien lui expliquer les choses).

"Monsieur, vous ressemblez à Justin Timberlake" (entendu environ 30 fois, en cours et aussi en salle des profs, si si...).

"Monsieur, vous êtes-tu bon en sexualité?" (c'était pas des avances, il bossait sur son cours de bio. Reproduction et sexualité, même débat).

"T'es un grand comique toi" (Nicolas, 16 ans. Ne doit son salut qu'à un effort surhumain. J'ai brièvement pensé à ce moment là à lui envoyer mon bureau en fonte sur la gueule, à lui percer la carotide à coups de canine ou à le scalper au stylo bic).

"Monsieur, vous êtes-tu suisse?" (allez comprendre...).

"Monsieur, faut que j'appelle ma mère, je dois prendre ma pillule" (une sosotte de 17 ans qui avait visiblement le désir impérieux d'annoncer sa fécondité à l'ensemble de la classe).

"J'ai pas craché, je jouais avec ma salive au-dessus de son bureau. C'est pas de ma faute" (Dominique, 16 ans. J'ai aussi eu envie de jouer avec mon poing autour de son nez. Avec un peu de chance, ils auraient pu se rencontrer dans une jolie gerbe de cartilages).

"C'est quoi l'altitude?" (un esprit anonyme de 13 ans qui en manque cruellement).

"La seconde guerre c'est en option Monsieur, on l'a pas ici" (eh bein le pire, c'est qu'il avait raison, y a vraiment pas l'option...).

"Ca veut dire quoi monotonie?" (Gentille cruche de 18 ans, qui découvre finalement le concept de linéarité).

"Dalida, ça fait 20 ans déjà Monsieur" (Cette génération est vraiment perdue...).

"C'est quoi en France la religion des gens qui ne se lavent pas?" (j'attends toujours qu'on m'explique là...).

Vu sur un dictionnaire: "En cas de feu, laisser brûler"

"Monsieur, faut vraiment qu'on aille chier" (Kevin, 13 ans, encore lui, et son pote Mathieu, après une évidente concertation sur le remplissage de leur intestin grêle).

Sur une composition de français pour les 12 ans: "L'histoire de Bobi et les écreuils" (remarquez l'usage brillant de la phonétique).

En salle des profs, Caroline: "J'ai une écoeurantite aigue".

"Monsieur, c'est quand la deuxième guerre mondiale?" (un futur député UMP de 15 ans).

"1993 c'est quoi déjà, 1-9-9-3?" (il avait 17 ans, il en était encore à apprendre le principe des fractions il y a quelques semaines...).

Monsieur, vous ressemble zà Johnny Depp" (autre version, moins fameuse).

Pensées profondes estudiantines lues sur cahiers de notes:
"Ne faîtes pas l'amour dans le jardin. L'amour rend aveugle mais pas les voisins".
"Conduire au volant est dangereux. Tu pourrais percuter un arbre et renverser ta bière".

"Bein voyons donc, on n'a même plus le droit de jouer..." (tout est là).

lundi 23 juillet 2007

Tronçonneuse médiévale/ Détour par Caracas



Chose promie se devant d'être due, je pensais jusqu'à aujourd'hui reprendre le cours de mes divagations en traitant justement du troisième épisode d'Evil Dead. Ceci étant dit, j'ai comme l'impression que mes amis sont tous juilletistes à en juger par le nombre percutant de commentaires ces jours-ci. Passons, on ne va pas tout remettre en question au nom de la génération des cablés du bulbe.

Donc, juste une petite note sur Army of Darkness (c'est le troisième), et après j'enchaîne sur mon bourre-pif du jour.

Ce que j'aime c'est l'audace, et la capacité des très doués de dire "ah non finalement ça marche pas alors faisons autre chose. Et si ça vous chatouille, grattez-vous donc jusqu'à faire jaillir le pus de votre rationnalisme".
Si vous avez visionné la deuxième mouture, vous vous souvenez sans doute de la fin, confrontation subite de deux vortex temporaux (les Visiteurs en très très mieux, je vous jure). Remplacez le quickening d'Highlander par une tronçonneuse et vous commencerez à sentir de quoi que je cause. On se serait donc logiquement attendu à ce que l'ouverture du film reprenne cette image là. Faut croire que ça collait pas niveau scénar ou que, chose bien plus probable et respectable, la cage cérébrale de Raimi a pondu d'autres idées entre temps. Au résultat on est bien content. Je me suis posé deux trois questions pendant un temps et puis, devant la régalade qui s'offrait à moi, j'ai de nouveau embarqué dans cette gigantesque bafferie qui donnera bien des scrupules aux fans de Voyage vers le Futur et autres Princesse Cadavérique.

Nan aujourd'hui, ce qui m'a botté le fion, c'est un documentaire de 2003 sur Chavez. The Revolution won't be Televised. Le titre m'a forcément rappelé le titre musical du même nom (téléchargez les petits namis, c'est de Gill Scott Heron, de la bonne parole comme dirait les autres culculs la praline). Ca m'a juste coupé en deux. Je ne savais pas exactement me situer face au personnage, le film m'a donné de sérieuses réponses. Quand on voit le bordel que fût l'histoire de l'Amérique du sud, on en viendrait presque à regretter de n'avoir jamais vécu coup d'état, rebellion sandiniste, zapatisme, et mariachis dynamiteurs de la pampa. L'objectif des réalisateur (Bartley et O'Briain, les irlandais sont toujour à l'affut des mauvais coups, en mêlée comme à Belfast d'ailleurs) n'était à première vue que de ne réaliser un portrait objectif de celui qui gratte l'entrejambe du pentagone depuis son élection à la fin du dernier millénaire. Et pis voilà, il se retrouve coincé dans le palais présidentiel alors qu'éclate justement une tentative de coup d'état. L'histoire se répétant, on se retrouve balargué (pour de vrai cette fois, pas comme dans un film avec Madonna) dans les manipulations crapuleuses de la CIA, ses snipers et ses chaînes cablées mitrailleuses populaires de bouffe surgelée d'idées tout aussi peu fraîches. Je me suis pris une chair de poule qui m'aurait largement valu un second rôle dans Chicken Run (ou la mascotte de KFC, mais ça j'ai déjà donné...). On en a très peu, voire pas du tout entendu parlé à l'époque (2002), et aujourd'hui le silence radio continue quant aux réformes qu'on tente par là-bas.
Et le Chili de Bachelet au fait, et Marcos, et Oaxaca? Ca doit vachement moins remué que la déconvenue des plagistes de Bretagne parceque moi j'en ai pas entendu parler depuis un bon bout...

mercredi 11 juillet 2007

Dead by Dawn, et on en redemande en plus


Bon sang de bonsoir, ça tient vraiment du génie. Le deuxième Evil Dead me laisse une impression encore plus frappante que le premier opus. Et paraît-il en plus que la dernière mouture est encore mieux. Régalade en perspective.
J'ai cru un moment au début du film qu'on se foutait encore de ma gueule. En moins de dix minutes, les gentils protagonistes arrivent sur les lieux bien connus (là où les premièrs boucheries prirent place), font la découverte de choses maudites et toutes vilaines qui sentent fort du nez et de la crypte. En deux coups de couillères à pot, la gentille blonde se fait zigouiller et la baraque se fait harceler par les grosses bébêtes.
Dix minutes pas plus. A ce moment là je me suis dit "Merde, ça va être long". Que nenni. La partition de notre super anti-héros suffirait à elle seule à justifier de l'heure qui va suivre, mais ce serait sans compter sans une mise en scène ahurissante dont certains cinéastes à la mange-moi la pellicule feraient bien de s'inspirer. J'ai vu Lelouch en ville hier, ma colère vient peut être de là...
J'en dirais pas franchement plus. Je crois qu'il est nécessaire de se taper le premier opus avant de se plonger dans celui-ci. On perdrait un grand nombre de références sinon. Et puis c'est comme si on faisait partie des lieux au bout d'un moment. Eh oui, nous on le sait où elle est rangée la tronçonneuse.
Y a bien certains abrutis qui crieront au "N'importe quoi, c'est gore et c'est débile!". Que je n'entende personne de cette trempe là dans mes environs où je vais m'inspirer de certains petit détail pour leur faire la démonstration de la supériorité du visuel sur la soit-disante expressivité. Parfois, rien ne vaut un bon bol d'hémoglobine, et certainement pas des dialogues parigo-chics qui se pincent la tétine (celle là, elle est pour toi l'ami Lelouch).
Extasions-nous donc devant la reprise du coup de l'ampoule et apprécions à sa juste valeur la copie de A Farewell to Arms posée sur le carton où s'impatiente furieusement une main amputée et néanmoins revancharde.
Très bientôt je me tape le 3. Si je me fais encore avoir comme ça, je pétitione pour l'entrée de Sam Raimi à l'Académie des Sciences ou au CNRS. C'est de l'art, mais aussi de la science à te dérider un Bogdanov.

dimanche 1 juillet 2007

Even Cowgirls Get the Blues


Tom Robbins les namis. J'ai mis du temps à me laisser dans cet auteur là, pourtant ça faisait un moment qu'on me le conseillait. Il m'aura fallu être en galère du côté du Pacifique pour qu'on se rencontre finalement lui et moi. Even Cowgirls Get the Blues. J'avais plus rien à lire, une bouquinerie universitaire faisait ses soldes sur le trottoir. Je l'ai regardé, il m'a regardé, on s'est compris. Chabadabada...
Plutôt que de vous faire un topo sur l'engin, je glisse ici quelques unes des citations qui m'auront amusé ou inspiré (n'ayons pas peur des mots).

"South Richmond was a neighborhood of mouse holes, lace curtains, Sears catalogs, measles epidemics, baloney sandwiches- and men who knew more about the carburetor than they knew about the clitoris."

"The Countess had a smile like the first scratch on a new car. It was immanently regrettable. It was a spoiler. It was a stinging little reminder of the inevitability of deterioration."

"You know, podner, you can tune a guitar but you can't tuna fish."

"The trouble with seagulls is that they don't know whether they are cats or dogs. Their cry is exactly midway between a bark and a meow."

"Politics is for people who have a passion for changing life but lack a passion for living it."

"As the author sees it, the Earth is God's pinball machine and each quake, tidal wave, flash flood and volcanic eruption is the result of a TILT that occurs when God, cheating, tries to win free games."

"That night, Sissy and Jelly lay under the same stars, under the same clouds, under the same blankets, under the same spell. Like political candidates, they frequently switched positions. In the campaignof 69, the polls didn't close until dawn."

"We all have the same enemy. The enemy is the tyranny of the dull mind."

Les nords-américains le connaissent bien, en revanche aucun européen ne m'en a jamais parlé. Y a encore une semaine, ce gars m'était complètement inconnu. Aujourd'hui il fait partie de la famille. Il sait se tenir à table alors gardez lui une assiette s'il passe du côté de chez vous.

samedi 30 juin 2007

Retour à Montréal... et Charlebois chante encore


Traversant à toute allure les quelques 2500 kilometres qui le separent encore de la maison mère, Tatache fait fumer le train et ses rails. Clush et Drumsfeld anéantis, plus aucune raison de s'attarder en terre pas conquise. De toute façon les grandes plaines y a rien à y voir. Le Nebraska et l'Iowa c'est comme se retrouver dans ces rêves où l'on coure pour échapper au gros monstre gluant de derrière. Mis à part que là vous n'êtes pas dans un cimetière mais dans un champ de maïs. Un champ de maïs de 1000 kilomètres de long.
Pas d'embrouilles à la frontière. L'avantage qu'ont les douaniers canadiens sur les américains, c'est que leur pays ne se retrouve pas en guerre tous les trois ans contre un quelconque pays lointain où les gens bouffent sagement du riz, des épices, des pousses de bambou (ça c'est pour les années 70) et des petits gateaux au miel. Pour on ne sait quelles raisons obscures, l'empire américain semble avoir quelques rancoeurs indéssoudables contre ces régimes (alimentaires pas politiques, vous suivez j'espère). Le laxisme (gentillesse diront certains) des officiers laisse Eustache pantois. Son nom devrait pourtant leur évoquer quelquechose et ragaillardir leurs instincts enfouis de chasseur. Mais non, rien. Tatache passe la frontière. Dépecer le président en place publique ne semble plus être un crime passible de poursuite judiciaire. Bon à savoir, il lui reste encore un zigoto couronné à déssouder. Zarkoby, grand petit vizir Golien, héritier direct du Maréchal Pimpon et du Général Degauche.
Il fait encore nuit quand il atteint enfin sa chaumière. La ville dort encore, Tatache a le dos qui couine et les genoux en trombone à coulisse. Dormir dans les gares, les wagons frigos ou sur les strapontins des bus ça va un moment.
Tiens, du courrier. Faut croire que ses collocs sont aussi partis en vacances, la lettre est encore glissée sous l'encadrement de la porte. Tatache ouvre la porte, pose son barda, craque un os ou deux puis il ramasse l'enveloppe. D'un coup de dent, il déchire efficacement le papier. Ses yeux se posent sur un drapeau tricolore et une espèce de grognasse qui donne visiblement à becqueter quelques croutons de pain à des moineaux dispersés ça et là dans un champ de patate.
" Monsieur Pinkwood
Bien content de vous savoir rentré. J'ai appris vos exploits. Par souci de sécurité (et aussi parce que je veux avoir la primeur de vous faire sauter le citron, la mort du président Clush reste secret d'Etat. Les agents Watergate et Dreyfus s'occupent de la confidentialité de cette manoeuvre, le peuple américain peut dormir sur ses 53 étoiles*.
On ne vous oublie pas ici pour autant comme vous pouvez le voir. Vous avez tué mon frère de sang, mais j'ai eu le temps de prendre connaissance de l'existence de votre race perfide de saurien répugnants. Sachez que mes services s'acharnent à poursuivre la tâche sacrée que s'était fixé mon bien-aimé Clush.
Je saurai rester sport néanmoins(oui, je pratique assidument mon yogging matinal avec mes ministres lèche-bottes, c'est ça la realpolitik de droite mon pote). Si vous voulez me faire la peau mon cher, va falloir venir me chercher. Vous connaissez l'adresse. Allez viens te battre spèce d'enflure!

Président Zarkoby, Sauveur, Roi et Copulateur des Astres (Phd en Raélisme)"

Dans l'enveloppe un billet cartonné. Montréal-Lyon, dans trois jours.

*Le premier (ou première, on peut toujous rêver) à me dire pouquoi 53 gagnera ma gratitude et mon admiration. Fallait en effet lire le reste de ces pitoyables aventures pour le savoir. Je dis pas où, savez qu'à chercher. On va voir le nombre de commentaires après ça, c'est là qu'on va voir les amis...

lundi 25 juin 2007

Du Tatache en condense

Effectivement ca va etre du concentre parce que la tout de suite les gars, j'ai 45 minutes avant de me faire botter le derriere par la securite de la bibliotheque de Chicago. Et comment vous dire, le garde c'est un peu un mix entre Al Capone et Tyson...

San Francisco:

Apres la vie frenetique des stars hollywoodiennes, Tatache part quelques jours du cote ou tout a commence pour les hippies (et ou tout a rapidement fini aussi, faut bien le dire). Son pote Morgan l'attend pour lui faire decouvrir les pentes impitoyables des rues de la ville. S'en suivent donc d'amusantes virees a la Bullit (les pneus s'en souviennent encore, on ne peut malheureusement pas en dire autant de cette petite vieille qui elle n'a pas eu le temps de souffir. On l'espere...).
En ce weekend bien festif, d'etranges rebus des seventies ont organise sur Washington Square une drole de petite sauterie ou la biere bon marche s'accordent a l'unisson avec un cover band des Rolling Stones. Tatache reste pantois devant la gestuelle et les mimiques de ce faux Mick Jagger, ainsi que devant l'attitude pour le moins etrange de leur voisin de gazon. Dans un etat d'ebriete annonce, ce dernier se livre a quelques amusantes demonstrations d'aerobic devnt une foule medusee avant de ranger sa biere dans son sac de couchage. Quand je dis "sa biere", je parle du liquide, uniquement du liquide (le contenant ayant probabalement atteri sur la gueule d'un autre festoyeur).
Bon, et Clush dans tout ca hein? Eh bien voila. Eustache sait que la ville abrite un librairie sans egale, un refuge pour les auteurs censures d'un autre temps (oui, la censure intellectuelle a disparu, on s'entend tous sur ce point la j'espere). Il sait de source sure qu'il y exite un manuel de dissecation artisanale a l'usage et a l'adresse des cons. Cet obscur manuel intitule sagement Dummi"Human Vivisection for the es" doit etre quelque part dans les rayonnages. Pour faire bref, sachez juste que le livre atterit dans ses mains expertes apres que Morgan ait fait une habile pression morale (et strangulatoire) sur la pas avenante du tout "Beat librairian"...

Denver:

C'etait annonce dans les medias, Clush fait du ski dans les Rocheuses (en plein mois de Mai c'est possible, suffit d'avoir des connections). Tatache decouvre une ville toute neuve ou le soleil tape bien fort, et la biere un peu moins mais bon...
Habilement camoufle en tibetain, il trouve refuge dans un ashram ou seuls les camions volzvoguenes sont autorises, et prepare ainsi son plan final. Simple comme une operation ninja commandee par Jean-Claude Van Damme, elle consiste a trouver le president et a lui faire sauter le caisson.
Diable! Compulsant le journal du jour (le Denver Insipidious Chronicles), Eustache apprend que Kimael Boore fera une apparition au capitole le lendemain. Oui oui Boore en personne, l'illustre cineaste auteur entre autre de Curling for Carabine et Celsius euh...154 si je fais bien la conversion). Si Boore vient en ville, il y a fort a parier que Clush fera une descente depuis les Rocheuses avec une escouade du KKK pour tenter de rafraichir les idees de cet agitateur notoire.
Ca manque pas. Boore delivre son speech sur le systeme medical ricain et comment les francais s'en sortent bien mieux (Tatache se gausse alors), quand tout a coup surgit dans un tonnerre de poussiere le vehicule particuler du president, la Jeep M/Ucker. Clush en sort une M16 dans les bras, pret a dessouder tout ce ramassis de gauchos et de "y a toujours quelque chose qui me derange).
" Non Clush, faudra d'abord me passer sur le corps!", s'interpose un Tatache plein de mauvaise litterature.
Avant que Clush n'ait le temps de reagir, Eustache se met a reciter une formule qu'il prit le temps cette fois ci d'apprendre par coeur.
" Skouik zip scalpel please Chflouf Shoggoth Diner"
Instantanement, la peau du president se dechire de bas en haut et, sous l'effet bienveillant de la gravite et d'un soleil estival, se separe de son proprietaire et glisse jusqu'au sol, faisant ainsi le regal des moineaux et de vertebres a quatre pattes.
La foule enthousiaste porte Tatache en triomphe et le couvre d'eloges. Kimael Boore, redevable et admiratif, lui propose un lift en helico jusqu'a Montreal. Tatache ne peut refuser l'offre, il est bien temps de retourner au bercail.

lundi 18 juin 2007

Californie, burritos, sauce tem-peh (et quatre litres de vin rouge, quatre...)


Oui bon, desole ca a pris du temps mais comment vous dire... Le Texas et la Californie c'est pas la porte a cote. 42 heures de train, ca explique un peu cela. Tatache n'est pas mort, il se remet doucement de l'Arizona et du Nouveau Mexique. Le Texas est loin desormais (comment ca tant mieux...?). Allez, on y retourne.

Tatache n'est pas un complet bouseux, mais il convient de rappeler toutefois qu'il passa le plus clair de son temps de sa prime jeunesse dans de tres modestes petites villes ou le crime, le bruit et la fureur etaient choses rares. Son quotidien fut davantage rythme par le championnat local de foutchebol ou par le defile annuel des majorettes masculines (son popa n'etant autre que la chef de troupe, ceci pouvant peut etre expliquer les tendances autistes d'Eustache, et sa desillusion precoce quant a la soit-disante sagesse du monde des adultes) que par l'agitation du monde urbain.
En fin d'apres-midi, Tatache debarque donc a Los Angeles, petite cite de 17 millions de tares du cortex. La gare est situee en plein quartier mexicain, mais a quelques brasses de la se trouvent le japonais, le coreen, le chinois et d'autres de ces ethnies qui s'expriment avec des dessins divers: petites maisons, vaguelettes, petits batons sous gros baton, etc...
Tatache fait tout de meme quelques emplettes afin de faire tourner le business local et decouvrir de nouvelles saveurs. Son premier repas californien inclut donc petits biscuits sales avec des des bouts noirs non-identifies dedans, faux cookies (du sel aussi, damn it!), et pour couronner le tout, des mikados verts parfum chocolat-the vert-pousse de bambou. Deballant son frugal repas de son elegant sac plastique (qui raconte plein de choses interessantes comme carre, chapeau a l'envers, deux batons, point virgule), Tatache se met a l'oeuvre. Une patrouille de la police montee passe aux abords. Ils arborent le meme facies, la meme posture et la meme attitude que les heros costumes de la serie Chips (gloire a toi Ponch...). La patrouille l'observe meticuleusement, intriguee par la vision de ce voyageur apparemment ravi de bouffer n'importe quoi, puis poursuit sa route. Bon point pour Tatache, les echos de ses agissements texans ne sont pas encore parvenus aux oreilles de la milice locale. Avec un peu de chance, Clush et ses sbires le cherchent peut etre encore du cote de Houston. Il a semble-t-il un coup d'avance, il s'agit maintenant de jouer judicieusement. Oui mais voila, il n'a rien de prevu dans ce bled. Autant en profiter pour parfaire son teint mat, il filera a la plage aux petites heures.
Etonnant, on entend souvent dire que les etatsuniens travaillent d'arrache-pieds, qu'ils pretent une allegeance sans faille a l'entreprise, que c'est ainsi que cette civilisation a aujourd'hui le droit d'emmerder le reste du monde sans avoir a s'en excuser (ni meme a penser a le faire, c'est dire). Hors, comment expliquer qu'en ce jeudi matin, de nombreux citoyens paressent et se dorent sur la plage? Tatache s'insurge, ne devrait-il pas plutot se rendre au bureau et servir les interets du pays plutot que de se faire frire la pillule, a promener chienchien, a rouler bicycles et chaussures a petits pignons?
Il ne passe que peu de temps dans ses pensees furieuses. Au large, un jaune esquif motorise s'approche de la plage a grande vitesse. Droit vers Tatache. Aucun doute, c'est pour lui. Le bateau se rapproche, les silhouettes a bord se font plus nettes. Une grande blonde en maillot rouge avec une bouee en forme de bretzel, un homme en costume blanc. Pas d'idee pour la blonde, en revanche pour le costume blanc, c'est clair comme de l'eau de roche. Drumsfled, encore lui. Le bateau atteint la plage et s'enfonce violemment dans le sable. Drumsfled debarque.
" Pinkwood! Je savais bien qu'on se retrouverait, face de saurien"
" Tu commences vraiment a m'emmerder Drumsfeld. Maintenant ca va chier"
" Dis donc, ca te reussis pas question langage la cote ouest mon pote"
Se rappelant le livre d'arcanes (celui que Blake avait recupere dans son frigo), Eustache extrait le dit codex de sa poche. Compulsant brievement la table des matieres, il hesite quelques instants entre la malediction du serpent fantomette, une poussee d'ecailles genitales ou langue fourchue des grandes occasions. Finalement, il opte pour la ratatouille du cobra maudit.
Drumsfeld sort sa petoire et fait quelques pas en direction deTatache, l'air menacant et survolte de ceux qui ont un pistolet charge (la premiere categorie). Eustache ne rejoindra pas aujourd'hui ceux qui creusent (la seconde categorie*), il se lance dans son incantation.
" Zigourath Abenakis Sssss Ratatsouille Sssss Tirlipimpon !!!", clame-t-il alors.
Le doigt de Drumsfeld commence sa pression sur la gachette. Pas de bol pour lui, c'est a cet instant qu'une autre pression de fait sentir sur ses chevilles. Sur plusieurs metres carres, la plage n'est qu'une foret grouillantes de couleuvres et de viperes. Enfonce dans ce bourbier, Drumsfeld est incapable de bouger. Rapidement, les reptiles s'amassent autour de lui, grimpent et entament leur brunch. Morsures apres morsures, le corps de l'agent gouvernemental se transforme bientot en outre sanguinolente. Un bout de peau par ci par la, il n'est plus qu'un support pedagogique dans une classe de bio ("alors la les enfants, on voit tres bien le biceps que soutiennent tres judicieusement les tendons rachidiens". Ah merde, les tendons viennent aussi de partir). Quand ses cris cessent, Tatache ne discerne plus qu'un bonhomme tout rouge dans un costume jadis blanc, desormais rubis. Drumsfeld s'effondre dans la mare de reptiles puis disparait, englouti et perce comme un Lou Reed de la grande epoque.
La grosse blonde de l'esquif reste petrifiee.
" A nous deux ma poulette", grimace Tatache.
" Vous ne pouvez pas me tuer, je suis Pamris Anderton. Je suis une star planetaire et le monde entier m'admire. Laissez moi partir et je vous fais construire un hotel sur la rue de la Paix", tente vainement la potiche.
Un gros bouillon se forme derriere le bateau. Un leviathan formidable surgit brutalement, monte vers le ciel et redescend en plongee. D'un coup de machoire, il engloutit canot et canotiere. Il ne reste alors a la surface que quelques debris de bois, la bouee bretzel et le maillot de bain rouge (les leviathans ayant un gout bien particulier, l'interieur du maillot de la blonde a on ne sait comment trouve grace a ses papilles).
Apres ce bon debaras, Tatache se dit qu'il a bien merite une bonne petite binouze dans un speakeasy local. Depuis l'avenement du dernier gouverneur, l'alcool est en effet de nouveau interdit et la possession d'herbe passible de mort par fumigation.
Les caves du bouiboui servent aussi de galerie d'art. Sur un des murs, Eustache reste admiratif d'une photographie mettant en scene une tres ancienne ruelle de San Juan.
" C'est beau n'est-ce pas? C'est aussi mon tableau prefere ici". Une quadragenaire bon chic bon genre, un verre d'alcool frelate a la main, vient de s'adresser en ces termes a notre heros.Quelques phrases plus tard, elle lui conseille de se rendre absolument dans un celebre bar de Denver, puisqu'il faudra bien qu'il rentre un jour. Et a moins de vouloir prendre le maximum de risques en repassant par le Sud, il lui faudra prendre une autre route, plus au nord cette fois-ci.
" C'est le fameux bar ou se rendait John Karak, l'illustre auteur de la bath generation", lui dit-elle.
" Ah oui je vois. C'est bien le grand blond avec la meche, cui qu'est mort dans son bain, non?", retorque-t-il.
La modame tourne les talons, grommelle un "j'ten...mmm... trais moi des co.... pareils".
Bon, au moins il a un point de chute quand il en aura fini avec San Francisco. Ca prendra le temps que ca prendra, en attendant faut qu'il aille se cacher. Camouflage ideal pour l'occasion: Fender stratocaster, collier de pates et flowers in his hair.

* pour ceux qui possedent chez eux le petit dictionnaire ethico-philosophique de Clint Eastwood, pour les autres tant pis.

dimanche 10 juin 2007

Les cowboys devraient se cacher pour mourir

Tatache s'attendait veritablement a trouver Houston dans son etat habituel (du moins tel qu'on le lui avait decrit): de larges rues peu frequentees, des immeubles glaces, des voitures trop grosses pour des gens trop gros. Certes, tout ca y etait. Seulement voila, l'ami Eustache avait oublie de consulter son agenda et o hasard du calendrier!, son arrivee coincidait etrangement avec le carnaval annuel du president Clush. Depuis que ce dernier s'etait fait intronise chef d'Etat a vie, il jouissait d'un pouvoir illimite sur ses sujets et les 53 Etats. Oui 53, l'Arabie Saoudite et Israel les ayant rejoints pour d'evidentes raisons politico-financieres, le Quebec ayant lui aussi franchi le cap apres le referendum victorieux mene par les independantistes gaspesiens.
Ce jour donc, le president et toute sa clique devait defiler en grande pompe dans les rues etouffantes de la capitale du petrole. Pour ceux qui pensait encore que Dallas menait la danse, desole de vous apprendre que J.R a vendu toutes ses stocks-options a Nikola Zarkobi. Les benefices de cette secession ont directement ete reverses dans la construction de la grande mediatheque de Guantanamo, le president francais a pour sa part rapidement delocalise les puits de petrole d'une ville a l'autre, en gage de son admiration sans bornes pour son suzerain d'outre-atlantique.
L'occasion etait trop belle pour Tatache.14h, la foule s'entasse derriere d'imposantes barrieres que surveillent avec attention la milice rapprochee de l'Empereur. Gare au premier qui tenterait de les franchir. Les instructions du KKK sont bien claires (la Kompagnie Kachee de Karcherisation, unite de police d'elite americaine nees des succes probants des escouades francaises). Quiconque tente un mouvement mal intentionne se vera gratifier: d'une decharge de 16mm pour les hommes majeurs, de coups de crosses au ventre pour les femmes, de crachats et d'injures pour les representants du troisieme age, d'un suivi psychiatrique pousse pour tous les enfants de plus de 3 ans.
Bien embusque derriere un couple de fervents texans (250 kilos a la pesee), Tatache empoigne sa poupee et attend le moment ou Clush passera devant lui. C'est alors qu'il le poinconnera sans vergogne, renvoyant ce sbire demoniaque dans les arcanes oubliees. 14h30, un Hummer conduit par Arnaud Klartzsfeldnegger s'engage dans Main Street. Imitant un celebre vehicule papal, la voiture du president revet la particularite d'etre surmontee d'un astucieux plexiglas laissant aux badauds la chance de voir de pres le visage du souverain eclaire.
Plus que quelques secondes et il sera a sa hauteur. Tatache prend un clou bien rouille et vise la tete de la poupee. Trois, deux, un... maintenant!
Le couple de texans sursaute. Ils se retournent alors. Derriere eux, un gars vient de se planter un clou de dix centimetres dans la paume de la main et hurle a la mort. Le sang coule abondamment sur une etrange idole aux traits du president.
" Hey mate, that would be a great thing for my boy. How much d'ya want?"
Le KKK aussi a entendu le cri de Tatache. Alertes, les agents ils se precipitent deja dans sa direction, pas question de laisser un malade perturber la grande foire.
Tatache s'enfuit dans les souterrains tortueux de la ville, sa seule chance d'echapper a une escouade affamee et toujours partante pour une petite "ratonnade" (ce terme aussi fut leguee par les francais, juste apres la rehabilitation de Maurice Papon et Klaus Barbie par le president Zarkobi).
Habitue aux catacombes montrealais, Tatache seme progressivement ses poursuivants. Debouchant quelques kilometres plus tard dans une zone bien plus calme, il se dit que son salut repose sur la rapidite avec laquelle il trouvera un abris.
Et la miracle! Une petite bicoque se tient devant lui, et annonce clairement la couleur: Hostel for the Politicaly Impaired. Un barbecue fume joyeusement devant le porche, c'est l'anniversaire du patron et tout le monde s'en met dans la courge, et a grandes lampees meme. Des barbus, des gens en short, des chevelus, pas des gens bien frequentables se dit Eustache mais apres tout, ils ne penseront pas a venir le chercher ici. Il s'avance du comptoir ou regne sans concurrence la mere du patron, prend une chambre pour la nuit et commence a se detendre.
" Ca vous derangerait de faire monter mon sac dans ma piaule?"
" Tu t'es cru au Ritz mon grand?"
" Pas vraiment, mais j'ai un clou dans la main, ca pique un peu quand je serre..."

Par chance, un ancien bourreau federal est de passage dans l'etablissement. Il lui retire l'intrus avec une pince monseigneur tout en lui tenant un joli laius sur la superiorite de la corde sur la chaise, de la chaise sur l'injection (une infamie selon lui, puisque ca ne fait presque pas souffrir).
Au point ou il en est, Tatache se dit qu'il n'a plus beaucoup le choix. Son passage a Houston a ete un fiasco et il y a fort a parier que le KKK et le FBI (la Federation des Braconniers Idiots) soient a ses trousses. Il se rappelle alors qu'il a un pote du cote de San Francisco. Il partira donc demain, faisant au passage un petit arret du cote de la cite des Anges, lui qui a toujours voulu etre maitre nageur...
Le poste de tele crache peniblement les nouvelles du jour. Le president Zarkobi a obtenu la super-majorite a l'Assemblee avec 102% des suffrages. Sa premiere nouvelle mesure sera de rendre visite a son ami Clush sur une plateforme petroliere rehabilitee en loft afin d'habiter selon lui sa prochaine fonction de Grand Zizi Intergalactique.
De mieux en mieux...

samedi 9 juin 2007

Tatache: diversions et peregrinations

Voila un petit moment maintenant que Tatache n'a pas donne de nouvelles. Faut dire que les choses sont allees tres tres vite, un peu n'importe comment aussi. Resume donc des dernieres aventures...

Atlanta:

Qu'il faisait bon retrouver le Sud. Tatache avait presque fini par oublier ce soleil moite et ces journees interminables. Il avait meme oublie qu'ici, on se dit bonjour dans la rue, meme quand on ne se connait pas. Les bonnes habitudes reviennent rapidement, son look de touriste canadien lui attire beaucoup de sympathie. On l'arrete dans la rue, on lui demande ce qu'il fout ici.Tatache est bien embete, il ne peut decemment pas avouer qu'il est actuellement en train d'essayer de sauver la race des hommes-lezards d'une quelconque machination, ca fait desordre...
Rapidement, il se met en route pour le memorial du soi-disant assassine, Lex Luthor King. Eustache s'enfonce dans ces quartiers populaires ou le crime et la petite vie guettent a chaque coin de rue. Un sympathique habitant du quartier lui propose de l'accompagner. Adepte de la peau de saucisson sur les yeux, Tatache accepte (et le remercie en plus de ca). Ce qui devait arriver arriva, au bout de quelques minutes, il se retrouve devant une horde de bouchers au look quelque peu africain.
Du fond de l'allee s'eleve une voix inquietante.
" Toujours aussi naif Mr Pinkwood a ce que je vois"
Vision d'horreur. Devant lui se tient l'homme au costune blanc, celui la meme qui a dessoude ses anciens compagnons dans ce bouge infame du New Hampshire. Mais cette fois-ci, Tatache remarque quelque chose. Cet homme la, il le connait d'ailleurs. Ses traits lui sont familiers et pour cause, l'homme n'est autre que Ronald Drumsfeld, le conseiller en genociderie du president Clush! Seulement a l'epoque, il n'occupait pas encore le devant de la scene.
"Vous me voulez quoi non mais?", s'exclame Tatache.
" En finir une bonne fois pour toutes avec les degeneres reptiliens de votre espece. Le president a d'autres plans pour ce pays, votre regne s'acheve ici", tonne Drumsfeld.
"Compte dessus et bois de l'eau tocard", claironne Eustache.
A l'instant meme ou les deux protagonistes se preparent a une lutte sans merci, un Hummer de fabriquation artisanale s'engage dans l'allee. Une petite mexicaine du nom de Rachel (c'est ecrit son sur son t-shirt) en sort, armee jusqu'aux dents, un pistolet-mitrailleur en bandouillere, un coutelas dans une main, une machette dans l'autre.
"Ok, les guignols, maintenant on a fini de rigoler. Vous avez pas plus de 20 secondes pour me degager l'horizon. Et le premier qui chie dans la colle, je lui colle trente pruneaux dans les genoux. Chiche?".
En un tournemain, les acolytes de Drumsfeld quittent le champ de bataille. Ce dernier n'en demande pas plus d'ailleurs. Rajustant son Stetson, il lance a notre heros.
"On se retrouvera Pinkwood, et cette fois je t'ecaillerai pour de bon"
"T'as pas un truc sur le feu dis moi? Ca sent le roussi je trouve", fanfaronne Tatache.
La portiere du Hummer s'ouvre lentement. Le pasteur Luthor King extraie peniblement son grand age et s'avance vers Eustache.
"Bien joue cher fils de Yig. C'est pas encore aujourd'hui qu'ils nous auront ces abrutis de republicains. Ne perds pas de temps Eustache. Tiens."
Le pasteur lui remet alors une petite carte bristol. Le Baron Samedi, Bourbon Street, New Orleans. Puis il enfouit dans sa main une petite amulette doree. D'un cote, une fleur de lys, de l'autre, le profil de Brandon Marlo, le celebre acteur.
" Ok, je fais quoi de tout ca moi maintenant?", dit Tatache.
" Sois pas con Eustache, c'est assez evident", lui repond gracieusement Luthor.

New Orleans:

Traversant bayous et marais, Tatache parvient peniblement jusqu'en Louisiane. Moiteur et ambiance alcoolisee, les choses s'annoncent festives.
Sans plus attendre, il se rend dans ce quartier dit du "Vieux Carre", et cherche alors Bourbon Street. Pas difficile a trouver, c'est la principale, c'est la que s'entassent a 6h du matin tous les debris de bouteilles et les papiers souilles.
Un peu tot pour frapper chez les gens certes. Tatache s'en fout, il trouve bientot l'adresse et cogne a la porte. Quelques instants plus tard, un petit homme noir tout sec lui ouvre la porte.
" C'est quoi que tu veux grande saucisse?"
" J'en sais trop rien, en tout cas j'ai un super chouette medaillon si c'est ce que tu veux savoir mon pote".
" Montre toujours"
" Qui me dit que t'es pas un mechant?"
" Bien vu. Suis moi andouille"
Le petit homme introduit alors Tatache dans un grand salon richement meuble. Un long bar en acajou remplit le fond de la salle, de somptueuses tentures couvrent les fenetres, de majestueux chandeliers eclairent mysterieusement de profonds canapes bordeaux. Quelques vetements legers trainent a terre, l'air sent le souffre et l'ivresse.
" Mais voyons donc, c'est quoi ce bordel?", s'insurge Tatache.
" Pas plus, pas moins", lui repond le petit homme.
Ce dernier disparait alors, laissant Eustache divaguer dans certaines directions que nous livrerons dans les bonus (sortie prevue fin juillet, avec moultes illustrations, interview des acteurs, et la making of des cascades).
La lumiere s'eteint soudain et des echos de tamtams envahissent la piece. Une cohorte de gugusses endimanches et emplumes entrent alors en dansant. Tatache ne percoit pas clairement leurs propos, ils semblent effectuer une sorte d'incantation grotesque en l'honneur d'un certain tonton Makoute. Bref, quand s'acheve leurs guignoleries, Tatache prend conscience qu'un homme le regarde depuis le balcon. Bati dans le roc, il ne porte qu'un jean degueulasse et un marcel blanc souille par la graisse (de cheveux ou de moteur, allez savoir). Ce dernier le fixe puis s'ecrie soudain:
"Stella!!! Steellaaa!!!"
Il lui lance alors une petite poupee a l'effigie du president Clush. Tatache se demande bien a quoi peuvent servir ces aiguilles plantees dans son torse. Bein oui, il sait pas tricoter Tatache.
" Va le chercher, perce ses flancs quand il sera pres de toi. Clush et ses sbires seront alors aneantis. Nos cultes retrouveront calme et honneur. Maintenant file, j'ai du menage a faire. Sois sympa, sors les bouteilles de Jax Beer au recyclage."
Encore plus loin dans l'absurde, Tatche doit maintenant filer a Houston (il y est deja a l'heure ou ces lignes vous parviennent), dans la mega gueule du mega mechant loup.

mardi 5 juin 2007

V for Vivipare


Errant donc dans les rues de Washington, Tatache se demandait bien quoi faire. C'etait bien beau d'avoir file a l'anglaise de Boston, mais quel interet d'etre dans la capitale de l'Empire imperialo-imperieux des imperialistes impressionants? Bon se dit-il, tant qu'a etre la, autant faire le touriste.
Le voila donc parti pour une journee de deambulations dans les rues de la dite Washington. Tatache a peu d'imagination, il s'engage donc dans le sentier archi-rabattu du Mall (la grosse pelouse avec les gros batiments, les statues et les japonais). Il est ma foi tres etonne de la proprete quasi-aseptisee des rues, litteralement, on peut bouffer par terre.
A sa grande joie, il tombe par hasard sur le musee d'art oriental. Tatache aime les gens aux yeux plisses, il les trouve rigolos avec cet air constamment par reveille. Oh les belles sculptures en bois de samourais du 15eme siecle! Oh les jolies estampes fleuries d'Okaido! Bref, Tatache s'enthousiasme d'emblee pour cette ville.
S'en suivent d'autres musees charmants et foisonnants. Notre heros rend egalement hommage au Capitole et bien evidemment a la maison toute blanche (la ou reside actuellement le 26eme descendant de Palpatine, cousin germain de Casimir).
Continuant son bonhomme de chemin, Eustache arrive finalement devant ce large bassin menant d'un cote a un phallus geant pointu (ouch!) et de l'autre a une espece de temple greco-romain. Et c'est la qu'il s'en va Tatache, pousse par une quelconque inspiration imperieuse. Parvenu au bout du rectangle de flotte, il entreprend l'ascension des marches, et la, sa tete se met a resonner et a siffler, ses tympans semblent n'etre desorais qu'un courant d'air continu. Encore quelques pas et la, en haut des marches, se produit une revelation (oui, encore une les amis).
Devant lui, siegant dans une extreme majeste, se tient un Dieu, une icone terrifiante. Abraham Lincoln le toise ainsi et lui tire une langue fourchue. Tout devient clair dans sa tete. Abrem Linkum! Il est la devant lui, seigneur serpent des temps oublie. Depuis le debut donc, Tatache avait raison, certains dignitaires americains etaient bel et bien des entites oubliees, des rejetons de forces mystiques.
Abraham Lincoln, un autre fils de Yig, une peau verdatre sous un collier de barbe.
" Enfin te voila Eustache, tu auras pris ton temps mon frere", tonne la voix de Linkum.
" Euh oui, s'cusez, y avait du trafic sur la 440 et en plus..."
"Suffit. L'important est que tu sois la. L'avenement de notre regne est proche Eustache, et tu vas en etre partiellement responsable. Certains conspirateurs on depuis plusieurs annees tente de nous eliminer. Je fus la victime de leur malveillance, mais d'autres suivirent. Un siecle apres avoir tate du plomb, le petit irlandais aussi eut droit au meme traitement".
" Quoi, lui aussi etait un fils de Yig?!", s'etonne Tatache.
" Bien sur, grand naif. Ne t'etonne pas du nombre affolant de disparitions douteuses dans ce pays. Et encore, on ne parle jamais de ceux qui comme toi, lutte dans l'ombre pour la reussite de notre cause", continue Linkum.
" Encore que moi si on regarde bien, j'ai jamais franchement demande a etre...", tente Eustache.
" Tais toi. Nous avons neanmoins un avantage. Depuis 40 ans maintenant, ces traitres pensent avoir elimine un autre seigneur reptilien. En verite, il est toujours en vie. Et c'est lui que tu vas devoir rencontrer Eustache. Il t'attend a Atlanta, dans un temple dedie a sa memoire. Si seulement ces naifs pouvaient savoir".
" Ah non, je retourne pas dans le sud moi, la derniere fois j'ai failli me faire becqueter par un aligator de 3 metres!"
" Tu iras, et pas plus tard que ce soir. Ton train pars dans 2 heures, quelqu'un s'est deja occupe de fair ton sac, tu le recupereras a la consigne de la gare".
" Bonjour l'intimite, je commence a en avoir marre moi que n'importe qui fouille dans mes affaires...".
Ainsi s'acheve les aventures de Tatache a Washington. Il passera 14 heures dans le train a s'attendre au pire qui, de toute evidence, ne manquera pas d'arriver.

dimanche 3 juin 2007

Racine cubique de Barbecue= Istanbul


Au fond de l'enveloppe, une carte. Une adresse: 222 Calumet Street. Plus trop de choix, Tatache se met en route. Il redecouvre ce metro miteux et trainard qu'il avait volontairement oublie, il reprend l'habitude d'aller plus vite a pinces qu'en bus.
Il arrive au sommet de cette colline, refuge de classes populaires hispanophones. En ce dimanche, les morveux jouent au baseball et les parents font semblant de s'y interesser a grands renforts d'exclamations et de gesticulations grotesques.
Tatache sonne. La porte s'ouvre rapidement et devoile un petit etre chauve et barbu, au visage plus que rond et tout autant jovial.
" Entrez cher M. Pinkwood, je vous attendais"
Eustache decouvre alors un large appartement dans la pure tradition bostonienne: ecran de television de 57 pouces, sofas a l'allure menacante et cadavres de bieres. Apres les echanges de politesse habituels, Tatache voulut en venir au fait, et au plus vite.
" Bon alors flute, c'est quoi cette histoire? Et puis comment, et aussi pourquoi, vous etes rentre chez moi? Hein des fois, dites donc", dit-il avec l'energie des feroces.
" Chaque chose en son temps mon cher. Des amis doivent nous rejoindre ce soir. Nous aurons le temps de deviser apres coup".
Toute la dite soiree, Tatache fut fort etonne d'entendre autour de lui une foultitude de diatribes envers l'actuel gouvernement, et tout aussi perdu d'entendre converser sur des themes aussi divers que la physique quantique et les sequences parcellaires.
La soiree avancant, l'ambiance vira a l'oriental. Les couleurs et les odeurs changerent etrangement et bientot, on se serait cru a la cour d'un grand sheik (les saveurs d'animaux morts en broche y etaient pour beaucoup).
Epuise, Tatache s'endort comme une masse, divaguant sur de lointaines princesses d'Orient et d'appetissants petits moutons. Quelques heures plus tard, un voile lui effleure le visage. En ouvrant les yeux, il decouvre avec surprise (le mot est bien faible certes), un derviche tourneur en train de s'exercer.
Tatache se releve et aussitot, l'artiste stoppe son manege et le toise avec insolence. Sortant un enorme coutelas de sous sa robe, il s'exclame alors: "Astaroth! Abrem Linkun, Abrem Linkun!"
"Hein, quoi!?", lui repond Eustache.
" Abrem Linkun, Abrem Linkun!!!". Le derviche se precipite alors sur lui. Malin comme pas deux, Tatache avait bien pense a laisser son calibre sous l'oreiller. Devancant l'action du fourbe, il lui envoie une bonne bastos de 38 entre les mirettes. Plus de doutes, il lui faut fuit en avant. Laissant la maison derriere lui, il saute dans le premier train, direction Washington (l'avenir prouvera que les actes manques existent aussi chez les super-heros binoclars).

samedi 2 juin 2007

Tatache: splendeur de la honte et epiphanie

Petite note avant qu' commence les petits namis: faire des accents sur un clavier quebecois c'est penible mais alors sur un clavier amerloque c'est pas possible. Alors voila, pas d'accent pour les semaines qui viennent (les pas contents s'adresseront a Bernard Pivot...). Allez, on s'y remet...

Boston. La nuit passee dans le wagon de la compagnie de transport du Levrier avait laisse a Tatache un arriere gout dans la bouche, sorte de chewing-gum condamnee a hanter un ratelier. Bien fourbu, les membres gourds (oui, tous...) et les yeux qui piquent quand on leur accorde un degre d'ouverture superieur a 20 degres, Tatache se demandait bien ce qu'il faisait dans sa ville natale.
La douane. S'il ne fallait retenir qu'un motif a son expatriation, il choisirait definitivement ces tronches mal degrossies, affublees bien souvent d'une moustache typique " a la Pancho Villa" et d'une coiffe de premier communiant qui sniffe en cachette les culottes de sa grande soeur. Oui, Tatache les deteste les douaniers. Une heure du matin, tout le monde descend au poste frontiere. Vue l'heure avancee, faut pas trop brusquer la populace de la diligence. Vous imaginez la suite, deux trouffions en bleu marine vont se regaler a appliquer la bonne methode d'intimidation et d'interrogation, celle que Goebbels et Himmler trouverent un soir en regardant Greta Garbo et Jesse Owen a la Star Ac' de 1936.
Et puis, oh pas de chance, Tatache n'a pas les bons papiers qu'il faut pour rentrer dans encombre sur le territoire des imperialistes en culottes courtes. Donc zou!, passage obligatoire par une deuxieme salle de torture mentale ou un autiste tout aussi laid lui fait remplir sur l'honneur des declarations qui insulteraient meme l'intelligence d'un ministre UMP (non je n'ai pas fait de ratatouille d'enfants, non les machettes au Rwanda c'etait pas moi, etc etc...). Il les deteste, il les deteste, il les deteste (je l'ai dit trois fois donc logiquement, ils devraient tous exploser dans leurs tripes a l'instant meme).
Difficile soiree donc, et encore vous ne savez pas tout. Avant de s'engager sur les routes ricaines, Eustache avait un ultime rendez vous avec son fidele compagnon Andy L. Robert. Bousifaille en tous genres et ce n'est qu'au moment de partir que notre heros s'appercoit que diable!, son exemplaire de Sakisakarot, recueil de poesie runique reptilienne, etait restee au frigo. Comment faire alors pour accomplir son voyage? L'issue semblait insondable.
En arpentant ce matin les rues familieres du vieux Boston (prononcez Bosse-thon s'il vous plait), et n'ayant toujours pas de nouvelles du fameux Blake, qu'il se resolut a rendre une petite visite au Boston Chronicles, feuille de chou a ras du caniveau qui avait accepte avec circonspection ses premieres chroniques qu'il etait le seul a qualifier de "politique". Deux ans durant, l'editorialiste avait supporte ses divagations sans queue ni tete sur un eventuel complot judeo-policier, jusqu'a ce qu'un beau matin la coupe fut pleine de moutarde au point de casser la cruche qui n'avait franchement pas besoin de ca. Cette fois non, on ne pouvait accepter dans les colonnes du journal sa theorie selon laquelle tous les presidents depuis Lincoln etait en fait les avatars de seigneurs serpents attendant dans l'ombre d'un bayou de Virginie le moment propice pour leur invasion. Avec force tambours et trompettes, Tatache fut vire a grands coups de pompes.
Entrant donc dans les locaux du journal, quelle ne fut pas sa surprise de retrouver, fidele a son poste, Lilly Earp. En depit de ses 60 ans bien pousses, Lilly savait encore comment gerer d'une main de fer les affaires de son secretariat. Passees les formalites d'usage et l'evocation forcee des bons souvenirs, la bonne femme s'exclama:
" Ah!, mais j'allais completement oublie". Elle sortit alors une large enveloppe marron et la tendit a Eustache.
" T'as du courrier. C'est arrive ce matin."
" Mais je bosse plus la, c'est quoi cette histoire?"
" Je sais-tu moi?"
Ouvrant le volumineux paquet, Tatache en sortit un epais volume noir, aux pages jaunies et odorantes.
" C'est quoi alors, dis donc?"
Petrifie, Eustache ne pouvait plus decoller son regard de la note qui accompagnait le dit volume.

Monsieur Pinkwood

"Vous etes bien tete-en-l'air, ca ne vous ressemble pas. Vous avez oublie ca a cote du bac a legumes, je me suis dit que ca pouvait vous servir. La prochaine fois, faites une liste..."

Blake

mercredi 30 mai 2007

Prendre sa malle en patience

Qui donc est Blake?". Cette simple question suffit à remplir les journées déjà bien remplies de Tatache. Dans 48 heures il sera à Boston, et il ne sait toujours pas pourquoi. Une certaine peur a élu domicile dans ses tripes, torturant méthodiquement les contours de ses reins, titillant sa rate et grattant ses rétines. Tatache a les boules quoi. Il n'a aucune, mais alors aucune idée de ce que peut bien lui vouloir ce satané voisin américain (oui, les habitants du Sud sont désormais des cousins pour lui, il s'est en quelque sorte arrogé la citoyenneté canadienne, sans baiser les pieds de la reine ceci étant dit). Tatache sait parfaitement ce qu'il a à cacher et que retraverser la frontière est une prise de risque inconsidérée, le meilleur moyen de se rappeler aux bons souvenirs du BI (ce n'est que dans les années 40 que l'on a apposé un F au sigle), à la police bostonienne toujours friande de matraquage gratuit, et pire que tout, aux nombreux sectataires pullulant dans les bas-fonds de la ville.


"Ca sent le piège à trois bons miles", se dit Tatache. Pas faux probablement mais en attendant, rester le derrière planté à Montréal est le meilleur moyen de se faire cueillir par une horde de chacals revanchards. Et si Eustache n'est guère vaillant quand vient l'heure de la castagne, il la sent venir d'assez loin pour savoir quand et comment foutre tout le merdier indispensable dans son baluchon. Par merdier indispensable, on entend bien sur l'arsenal classique de tout bon investigateur traqué (ceci est un axiome): papier, crayons, Minolta, de bonnes chaussures pour échapper aux Shogotths, diverses frusques permettant un rapide changement d'apparence. Ah oui forcément aussi, le bon calibre 38, le même qui lui avait sauvé la peau dans les marais de Virginie. Tatache se dit rapidement que l'équation calibre 38 + douaniers américains possède certaines inconnues quelque peu risquées mais après tout, avait-il vraiment le choix?

Deux jours et il déguerpit Eustache. Ca lui promet encore deux charmantes nuits d'angoisse et de monologues intérieurs.

"C'est qui ce Blake? Et il me veut quoi tabarnak!?".

lundi 28 mai 2007

Les loups sont à la porte


Peu habitué à recevoir du courrier, Eustache fut bien surpris en rentrant d'une nouvelle journée de labeur, de trouver dans sa boîte une missive à son nom. Après s'être débarassé de ses diverses guêtres et autres pelures, il entreprit d'ouvrir l'enveloppe. Aucun signe n'indiquait son émetteur. La calligraphie, souple et élégante, semblait néanmoins révéler la plume d'un homme cultivé et entreprenant. La lettre avait été postée depuis Boston au tarif express, elle avait donc dû être émise aux environs du 20 mai.

Qui pouvait donc être cet homme? Eustache connaissait encore quelques individus dans la grande mégalopole du Massachussets, mais personne ne lui avait écrit depuis bien longtemps. Après la disparition de ses compagnons (qui restait un mystère pour la police locale), il avait pris soin de se faire oublier dans le grand nord. Une sourde inquiétude s'installa en lui: caché il ne l'était visiblement plus, et si par malheur l'envie de le retrouver venait à ces terribles adorateurs, il lui faudrait plier bagage au plus vite.

Ouvrant l'enveloppe, il déplia une simple feuille d'un papier riche et épais. La même écriture s'étalait sur quelques lignes. De plus en plus inquiet, Eustache put lire:


Mr Pinkwood


Mon nom ne vous dirait rien, pour cette seule raison donc je ne vous le dévoilerai pas. D'autres motifs pourraient m'inciter à conserver mon anonymat, mais par simple respect, je me présenterai à vous sous le nom de Blake.

Monsieur, je suis désormais en possession d'éléments vous compromettant dans d'obscures manigances. Vous vous pensiez à l'abri, vous ne l'êtes pas. Si direct que puisse vous paraître mon message, il cherche malgré tout à vous éviter de graves tracas, et très probablement une fin douloureuse. Sachez simplement que des intérêts personnels me poussent aujourd'hui à vous avertir du danger qui vous guette: les fils de Yig sont démasqués, vous êtes le prochain sur leur liste, ils sont en chemin. Je ne suis pas un philantrope, je cherche tout simplement à sortir mon épingle du jeu. Si ma richesse doit passer par votre protection, qu'il en soit ainsi. Je vous attends à Boston, dans 5 jours précisément. Prenez moi bien au sérieux. Si vous ne venez pas à moi, ils viendront à vous.


Bien cordialement


Blake


Eustache découvrit au fond de l'enveloppe un petit billet cartonné, qu'il reconnut rapidement comme étant un ticket d'une célèbre compagnie d'autocars publics. Il put y lire: Montréal- Boston, vendredi 1er Juin 1924, 23h15, Quai numéro 3.
La gorge nouée, il reposa la lettre et sentit sourdre en lui les échos de menaces enfouies depuis trop longtemps.

dimanche 27 mai 2007

Tu l'as vue ta face de macaque?


De temps en temps, ça fait du bien de se faire traiter d'espèce dégenéré, de représentant boueux d'une civilisation perclue et condamnée à la déchéance (oui bon c'est vrai, on est déjà bien avancé sur ce point...).

A Short History of Progress, c'est un tout chti bouquin qui se lit en deux coups de cuillères à pot. Le môssieur qui l'a écrit, un certain Ronald Wright, nous fait un petit topo de quelques sociétés perdues dont l'exemple ne peut que servir à éclairer le ciboulot d'esprits embrumés (ou complaisants, c'est au choix).

Cinq chapitres traitant dans l'ordre: de l'existentialisme, capacité humaine à la "reflection" (le terme anglais est plus adéquat, ça fait chier de le dire mais c'est comme ça), de l'aptitude à s'envisager en rapport à son monde, à son moi, à son futur (lire Sartre pour d'éventuelles précisions...). Ensuite, nos ancêtres les poilus, l'outil et la gentille rencontre entre Cro-Magnon et Néanderthal. On m'a toujours dit que ce dernier n'avait aucun rapport avec nous, il semblerait que ce ne soit pas évident (voir les frères Bogdanov pour illustration).

Le chapitre sur les Sumériens et les habitants de l'île de Pâques est proprement fascinant. Je me suis souvent demandé pourquoi l'on surnommait jadis les terres d'Irak et d'Iran (c'est à dire bien avant la naissance d'Eddie Barclay) par le terme de croissant fertile. Bein quoi c'est vrai, si fertilité il y a là-bas, c'est de l'ordre des bastos et puits de pétrole, niveau baobabs et eucalyptus c'est limité non? J'y aurais appris comment, bien avant Monsanto et ses OGM, le genre humain a foutu en l'air le sol et ses réserves d'eau du fait d'une gestion agricole calamiteuse (José Bové si tu m'entends, bien le bonjour...).

Pas mal de petites études complètent ainsi le tableau et affirment davantage l'idée que non, c'est pas parce qu'on est au top question sciences, qu'on l'est forcément question sagesse. On se dit que c'est officiel, on va droit dans le mur avec un sourire béat. A lire donc, surtout si votre colloc est un ricain pro-Bush...

mardi 22 mai 2007

David Vincent l'a vu


Je me lève ici contre la désinformation, contre l'illusion entretenue par les divers organes de presse française.

Vous croyiez notre nouveau président à Malte, ou encore à Brégançon? Eh bien vous avez tout faux, on vous ment de la manière la plus grotesque et vous marchez dans le panneau. La vérité, c'est moi qui la détient. Afin de vous prouver que je n'ai pas définitivement sombré dans la mégalomanie, lisez plutôt ça, vous les cohortes d'incrédules, les légions bercées de sophisme et de propagande télévisuelle.

Il est 6h15 vendredi dernier, je suis sur la route du travail (oui vous pouvez relire ça, je me lève tôt pour gagner tout pareil). J'arrive à mon point de chute, je m'apprête à quitter le bus quasi-désert, ce cher numéro 55 qui aura vu mon gros postérieur venir s'écraser sur ses sièges un bon paquet de fois. Station Place d'Armes, en plein quartier chinois, je suis prêt à éviter le retour intempestif des portes automatiques et de risquer une luxation à vouloir pousser celles du métro (que ceux qui connaissent l'architecte de ces panneaux en acier trempé le dénoncent sans amertume, il est responsable de l'écrabouillement d'environ 750 mémés par semaine).

J'en suis donc là quand je m'aperçois que la route est barrée. Deux bagnoles de keufs barrent la route. A cette heure plutôt indue je me dis "Bon, il sont en train de chopper un herboriste vietnamien au saut du lit, c'est du déjà vu". Je pensais qu'enfin, on pourrait retourner bouffer au chinois sur Avignon en toute quiétude, sachant enfin sous les verrous le grand instigateur de la contamination mondiale par salmonélose à la pousse de bambou.

Eh bien que nenni. Au beau milieu de la route, qu'est-ce que je vois-ti pas? Hein? Un hélicoptère, parfaitement madame. Pas un piti coptère, un vrai coptère, avec le rotor et tout et tout. En occultant cette vision matutinale quelque peu surréaliste, je me suis vite aperçu qu'un détail frappait davantage ma sensibilité d'humble travailleur, humble travailleur qui au passage se fait emmerder plus pour gagner, je vous laisse conclure... exactement la même chose. Bien, passons.

Un petit détail donc. Presque rien en fait, mais ça n'a pas échappé à mon gogo-gadget-aux jumelles. La queue de l'appareil était discrètement striée de trois lignes bleue, blanche et rouge. Conclusion immédiate et indéniable, j'avais devant moi un hélicoptère des forces armées françaises. Deuxième conclusion implacable: c'est l'hélico de Sarkozy.

Eh oui les gars, qui d'autre sinon lui? Qui d'autre prendrait le soin d'organiser cette chasse à l'homme (car il me cherchait, ça j'en suis sur), de casser les noix aux expatriés gauchistes tout en affirmant intrinsèquement son intention de rebâtir un empire colonial. La Nouvelle France, l'occasion est trop belle, y a qu'à changer deux trois choses dans les statuts de la province et hop!, on se récupère l'ancienne possession. "Le Québec, donne-le ou quitte-le", c'est rien qu'une prémisse avant la reconquête de Tizi-Ouzou, la ré-annexation de St Jean d'Acre et à terme, la rénovation du temple de Salomon par Martin Bouygues.

Quand je pense que vous vous êtes tous fait avoir par la télé locale. C'est trop facile de vous avoir les gars. Un yacht en Méditerrannée, non mais vraiment, n'importe quoi...

mercredi 16 mai 2007

La nuit, tous les chats sont cuits


Jamais, au grand jamais je ne serais allé par moi-même voir Evil Dead. Bein non, les décharges d'hémoglobines et les parades de zombies ne m'ont jamais trop éclaté. Oui mais voilà, Sam Raimi vient de nous pondre Spiderman 3, un film très hollywoodien certes, mais seuls les dégénérés du citron et les bobos assermentés oseront critiquer l'évidente qualité visuelle de la chose. Ne parlons même pas de la dichotomie comic/comique ni des métaphores subtiles et du sous-texte, en un mot comme en cent, c'est une très bonne bête (l'article de Will dit sensiblement la même chose, avec en plus la fougue d'un vrai fan de catcheurs en tutus, alors allez-y donc).

Bref, avant de se commettre avec Spiderman, Sam Raimi s'est expérimenté dans le bon cinoche de genre qu'on déguste avec un pot géant de pop-corn, le bras enroulé autour de Sandy (la péroxydée de service, conciliante à qui sait s'y prendre) tel une pieuvre guettant le lièvre égaré dans la pampa un matin d'automne.
Je m'attendais un peu à une énième version de cette même série B. C'est vrai que l'histoire ressemble à toutes celles qu'ont écrit des générations entières d'auteurs sans inspiration. Mais si vous savez bien, la bande de potes en weekend à la montagne dans un chalet isolé de tout. Vous devinez la suite, des gros méchants monstres enfouis dans d'obscures arcanes vont ramener leur trombine pour baffer les zigotos.

Les spécialistes en cinéma pour ados pourraient sans doute vous citer une centaine de scripts semblables, mais on s'en fout. L'intérêt n'est pas dans le texte ô vous les joyeux sceptiques. Donnez un kilo de pommes et du sucre à deux gugusses différents et allumez les fourneaux. Le premier vous sortira une tarte classique, sans teneur ni originalité quand le second mettra les conventions de côté pour s'amuser un bon coup et vous inventer une tarte tatin.
Ici c'est tout pareil. Le pote Raimi sait ce qu'il fait et nous le fait savoir. On ne se contentera pas de dire "Bouh, qu'elle est vilaine la méchante bébête", on va aussi se marrer quand dans le feu de l'action, notre héros du jour nous fait partager sa lucidité avec un hilarant "Ah oui, surtout il ne faut pas que j'oublie les cartouches, je vais en avoir besoin des cartouches". Je ne vous parle même pas de sa crise existentielle, la tronçonneuse vrombissant devant le corps de sa gonzesse rongé par une poussée subite de "zombisme" ("Bon, comment ça se coupe cette volaille là?").
D'autres scènes vont me rester, comme par exemple une bonne grosse décharge de mornifles à coups de poutre ou encore ces dernières scènes où le sang se mêle aux pellicules de film (faut voir pour comprendre, sinon faut que je vous fasse des phrases concises à la Proust), où il s'attribue la lumière et l'ampoule du plafonnier (ça tient du génie, vraiment).
Quand certains font du bloubiboulga à la Resident Evil, Sam Raimi te concocte la recette d'une soupe de qualité aux hématites stylisées, avec des petits bouts de fémur grignoté dedans.

dimanche 13 mai 2007

William Faulbrick?

Dave: "J'y comprends rien, je vais prendre les York Notes"

Je n'ai pas été très productif cette semaine, la faute en est à des horaires de boulot élastiques. Et puis je me fais vieux, j'ai le sommeil précoce en ce moment. Je donne pas cher de ma peau ce soir d'ailleurs. Là je rentre de la forêt, gros bol d'air frais, éradication du monde urbain et de la bagnole, danse avec les loups (cette dernière assertion n'est pas juste là pour amuser la galerie).

Du coup j'ai pas eu le temps de vous parler de mes dernières déficiences intellectuelles. Il m'aura fallu 7 ans je pense pour aller au bout de Space Odyssey de papy Kubrick. La première tentative de visionnage m'avait laissé pantois, quelques années après j'ai retenté le coup. En même temps, il m'a bien fallu 10 ans pour finir Usual Suspects alors... Dans cette même semaine passée, je me suis lu The Sound and the Fury de Faulkner, et le mélange des deux fût un résultat détonnant. Je me suis vraiment pris pour le fameux Dave dans le film, cet astronaute impassible qui même confronté aux trous noirs et à l'asphyxie, ne se dégonfle pas pour autant et accepte avec bonhommie les aléas de sa vie d'homme sans "gravité". Vous vous souvenez de la fin du film? Pas mal l'effet d'optique multicolor, plutôt hallucinant même. Pour le coup là, la quatrième dimension on la prend en pleine face. Distorsion, fragmentation, c'est du fractal dans ta tête, une joyeuse partie de boggle.
Eh bien c'est exactement ce bazar là dans mes neurones quand je me plonge dans notre ami le grand sudiste. Question multiplication des points de vue, enchevêtrement des personnages et des époques, c'est du bouquin qui demande une sacrée attention. J'étais prévenu, c'était pas ma première altercation avec Faulkner, mais quand même. J'en étais presque à mettre en question mes capacités neurologiques quand William (autre auteur du même nom, moins connu pour le moment, mais plus en vie, à ma grande satisfaction) m'a rassuré sur la complexité de cette prose. Si même les anglophones s'en sortent pas, y a de l'espoir. Dans trente ans peut-être j'aurai cerné la chose. Tiens, ça me fait penser que j'ai toujours Ulysses qui m'attend au rayonnage "les auteurs irlandais se défendent bien entre un whiskey et une poussée en mêlée".
Allez, je vais pas tarder à aller mettre la viande dans le torchon. Fais chier, le voisin a refoutu son gros beat qui tâche. Je devrais peut-être lui servir un bon Burroughs, ça le détendrait du cortex...


Tatache: " T'vas-tu la farmer ta yeule? J'essaye de lire Faulkner, hostie d'marde!"