mardi 10 avril 2007

Hollywood Blues


J'avais gardé comme un souvenir impérissable ma première rencontre avec Kim Newman. C'est souvent quand on attend rien de spécial en ouvrant un bouquin que l'on se fait agréablement surprendre. Ce fut le cas pour moi avec Anno Dracula, un roman absolument épatant où l'inspecteur Lestrade cours après Vlad l'empaleur, Jack l'éventreur et la reine Victoria par la même occasion. Mais stop, je ne dirai rien d'autre sur ce super bouquin, ça risquerait de le gâcher à d'éventuels adorateurs des striges suceurs d'hématites. Si vous ne jurez que par Anne Rice, allez donc prendre une déculottée illico par tonton Kim...
C'est donc avec une confiance et une assurance toute provinciale que je me suis plongé dans Hollywood Blues (The Night Mayor en version originale, nan ne cherchez pas à comprendre...). Grosse déception au final, aussi surprenant que cela puisse paraître. L'idée de base est pourtant formidable. Pour faire bref, un détenu prend le contrôle de la grande centrale informatique régissant l'univers mental de ce pénitencier issu des pires cauchemars sécuritaires. Il détourne les circuits de la machine en construisant un gigantesque dédale onirique où les personnages de sa fiction (et de notre réalité) se débattent tant bien que mal dans son délire construit autour du cinéma noir américain. On croise à chaque page les figures célèbres des années 40, que l'esprit du grand méchant agence à sa guise pour offrir au héros de notre histoire une trame dans le pur registre du cinoche noir. Au menu donc, poursuites sur le bitume, échauffourées et castagnes, pétarades en tous genres.
Formidable idée donc. Kim Newman se pose en véritable spécialiste de ce cinoche là et il prend visiblement son pied à faire revivre ces gueules mythiques et ces gouailles bien trempées. Oui mais voilà, on ne le suit pas le petit Kim. A moins d'être un érudit dans son domaine, c'est la noyade assurée. Je donne peut-être trop d'importance à la qualité descriptive d'un roman, mais ne pas y avoir droit sous prétexte que tel nouvel entrant répond en fait au nom d'un quelconque acteur que le temps a effacé, et bien ce léger détail me chagrine. Bogart, Lorre, Ava Gardner, Cagney et consorts ça va encore, j'ai des références de base mais celles de Newman sont plus de l'ordre de l'encyclopédique ici et c'est malheureux à dire mais ça casse l'ambiance. Je me fais un peu l'impression d'être un crétin de collège qui déplore le manque d'illustration dans Les Misérables. En fait, la solution résiderait peut-être dans un subtil mélange entre les fantastiques idées de Newman et l'approche culturel minimaliste d'un Marc Lévy.

2 commentaires:

Julie Delporte a dit…

Houlala mais qu'il lit vite cet Eustache !

Cryptisemita a dit…

A veritable speed-reader! Can you teach us, oh master of modern literature, how do you find the time between teaching, finding recipes in "Women Style" magazines for baking cookies, composing and auditioning for the theatre, pumping up your already massive biceps, and all that passionate monkey love-making, for writing such poignant, insightful critiques...? Something's gotta give, my friend - my money is on the cookies.