
J'aime les russes. Bon, surtout les vieux à vrai dire. Je dois avouer que depuis le Petit Père et Brejnev j'ai un peu du mal. Mais bon les anciens me plaisent bien, surtout quand ils me racontent des chouettes histoires.
Je n'ai jamais rien eu contre les épopées à rallonges, contre les romances qui durent plus longtemps qu'une nausée provoquée par les pensées profondes de Ferdinand Céline au petit-dej... Ca ne me dérange pas d'avoir à trimballer un bouquin lourd comme un jarret de boeuf pendant plusieurs semaines. J'ai cette année pour voisins de sympatiques témoins de Jéhovah, ils ne se plaignent pas non plus d'avoir la Bible pour seul référent littéraire. C'est pratique d'un côté, tu y trouves de tout: l'histoire des civilisations (sous un angle un peu orienté certes), un manuel de généalogie appliquée aux consanguins, le guide du savoir vivre (c'est fou comme les femmes sont capables de tout foutre en l'air) mais également un astucieux livre de recettes (comment faire du vin avec du jus de boudin, ou du pain avec de la sciure de bois...).
Bref, revenons à nos casaques. Je viens de terminer il y a peu L'idiot de tonton Fiodor. Bein comme d'habitude rien à dire sur l'histoire, même si en adorateur trop subjectif de Crîme et Châtiment, j'ai bien de la peine à m'exalter tout autant pour le reste de son oeuvre. Bon, les péripéties ne m'auront pas transporté plus que ça, les intrigues sentimentales bénéficient heureusement de la Smirnoff et des délires purement slaves. Heureusement d'ailleurs. Jane Austen, dans sa grande médiocrité, a essayé naguère de remplacer l'alcool frelaté par du Earl Grey et les duels d'aristocrates par les menuets de bourgeois en calèche, on connaît le résultat...
Simplement, j'ai saturé devant ce détail proprement russe qui consiste à affubler chaque personnage de trois patronymes et d'autant de surnoms, de sobriquets divers ou de je ne sais quels noms de codes aux significations obscures. Il m'aura fallu quelques 600 pages (le début du second tome donc) pour comprendre que le héros du bouquin, Mychkine, répondait également aux noms de Prince, Léon, Nicolévitch, et d'autres que j'ai déjà zappé. Quand on sait qu'il doit y voir une trentaine de protagonistes, le calcul est vite fait. Trente multiplié par 3 (c'est la moyenne slave après une pondération minutieuse réalisée par mes soins), ça nous oblige à jongler avec 120 noms. Et comme mon cerveau n'a pas pris option cirque ou "personnalités multiples" au lycée, j'ai dû rater pas mal de choses au passage. J'ai Guerre et Paix dans ma bibliothèque qui me lorgne depuis un moment et comment vous dire, j'hésite un peu maintenant.
Pour les Ricains: Captain America
Pour les Russes: L'impérialiste dégénéré, Frisbee Rieur ou encore Juste-au-corps de Vynil
Enfin bon, je pense avoir compris une chose néanmoins. Les russes sont les véritables inventeurs du comic, du super héros. On est d'accord qu'un super héros n'est rien sans son alter ego, Clark Kent doit tout à sa paire de lunettes pour bigleux de 14 ans, et démasquer Batman c'est tellement facile que tout le monde refuse d'y croire. Eh bien les russes sont décidément plus forts que les ricains, pour chaque personnage bien réel, ils créent cinq autres identités fallacieuses pour le camoufler. Ca meuble l'espace c'est sûr mais ça noie le poisson dans un bassin de truites.
Enfin bon, je pense avoir compris une chose néanmoins. Les russes sont les véritables inventeurs du comic, du super héros. On est d'accord qu'un super héros n'est rien sans son alter ego, Clark Kent doit tout à sa paire de lunettes pour bigleux de 14 ans, et démasquer Batman c'est tellement facile que tout le monde refuse d'y croire. Eh bien les russes sont décidément plus forts que les ricains, pour chaque personnage bien réel, ils créent cinq autres identités fallacieuses pour le camoufler. Ca meuble l'espace c'est sûr mais ça noie le poisson dans un bassin de truites.
3 commentaires:
If it weren't so late, I'd play lawyer to dear Prince Myshkin...but you are also right on every point, especially the number of characters and alter egos and nicknames and surnames and superhero names...
It is, however, a masterpiece, albeit an idiotic one.
More demain.
Bon moi j'ai lu des "Russes" pas trop épais (épais version française, quoique québécois ça marche aussi) genre la Fille du Capitaine, très très bon.
Par quel pavé tu me conseilles de commencer ? Je crois que j,ai besoin d'un gros pavé passionnant qui m'emmène bien ailleurs en ce moment.
De toute façon, lire, c'est trop compliqué.
Les Romains aussi avaient trois noms chacun, même principe. On commence par multiplier les prénoms pour éviter les confusions. Mais une fois qu'on a compliqué le système, on en profite. Comme l'orthographe française.
Remarque, chez Dostoïevski, c'est peut-être bien intentionnel. Dans l'Idiot, souvent, on ne comprend pas forcément tout ce qui se passe !
À part ça, Madame Bovary est encore morte. J'arrête pas de perdre à ce jeu.
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