vendredi 9 mars 2007

Des playmobils dans la Mafia



Souvenez vous de vos 8 ans, souvenez vous de vos playmobils. Rappelez vous ces fantastiques histoires que vous vous construisiez avec ces ridicules gugusses raides comme un coup de trique (c'est peu de le dire, même moi je suis plus fort qu'eux en GRS). Remémorez vous donc ces heures passées à les emboiter dans des situations les plus invraisemblables, dans des véhicules aussi bien conçu qu'une Trabant sous Lexomyl. Vous les faisiez parler, vous leur faisiez vivre tour à tour l'Age d'Or de la piraterie, le bloc opératoire ou bien encore des poursuites de police effrénées (autant le dire, des générations de CRS ont été inspirées par le gros bus vert et blanc avec les grilles en plastique).
Si vous vous souvenez bien de tout ça, une chose devrait vous sauter à la gueule, si ce n'est pas le cas, laissez moi vous envoyer le paquet. Jamais, au grand jamais, il ne serait venu à l'idée de votre compagnon de jeu de remettre en question le bien fondé des actions de vos jolis bonhommes (on jouait rarement seul à ces trucs là, même à 8 ans on savait que la solitude en compagnie d'avatars en PVC est mère de tous les vices). Jamais votre voisin morveux ou votre cousine pimbêche ne vous aurait sorti un truc du genre "Mais pourquoi il fait ça lui, c'est n'importe quoi, pourquoi, dans quel but dis moi?". Non jamais vous n'avez entendu ça. Pas besoin à cette époque de justifier les motivations de personnages imaginaires, ça c'est pour les grands qu'on se disait, on verra plus tard.
Je viens de voir il y a peu le dernier Scorsese, The Departed (traduit façon carnage en français par Les Infiltrés), et il me semble bien que l'ami Martin s'est justement fait une petite nostalgie des playmobils justement. Je passe sur l'histoire, elle emballe bien même si j'ai vraiment eu l'impression pendant la première heure de regarder le quart de la bande originale. Ca allait trop vite, ça sautait du coq à l'âne, sitôt en présence d'un personnage, on te le change, on t'en mets un autre et tant pis pour ta gueule. C'est du beau cinoche pas de problème, Scorsese il sait faire de l'image et du son, le problème est ailleurs.
Le problème tient de l'ordre du playmobil (j'utilise mon image jusqu'au bout, métaphore filée à l'extrême, le premier qui s'en lasse n'a qu'à aller se plaindre à mes profs de stylistique. La plupart d'entre vous a eu les mêmes guignols à la fac alors faites pas les malins les copains). Bon j'y viens. Bordel de bordel, j'ai rarement vu des personnages avec aussi peu de fond, avec si peu de motivation et de réflexion semble-t-il. Où t'as vu toi que des mecs trifouillent avec la pègre sans se demander à un seul moment "Et pourquoi?, c'est-i-pas dangereux un peu des fois?, peut-être je devrais arrêter parceque là ça craint". Non jamais. Pur exemple de l'axiome du playmobil.
Dans l'ordre. Matt Damon (j'ai toujours trouvé le jeu de ce gars digne d'une pub pour Kinder, et en plus il a un faciès de Lego), sensé être le flic brillant et talentueux, trempe jusqu'au cou dans le milieu. Normal tu me diras, quand il avait 8 ans (on y revient), le grand parrain a eu pitié de lui et lui a offert quatre paquets de biscottes et une bande dessinée, pauvre petit. Depuis ce temps, il l'appelle Papa et lui fait une méga protection en béton armée. Niveau construction de personnage c'est plutôt limité je trouve. Le gars à qui tout sourit, boulot, gonzesses et tout le toutim et bein non, il va continuer jusqu'au bout à faire le caniche de la Mafia. Et ce sans jamais se poser la fameuse question "Euh, pourquoi?". Pas de bol pour toi Matt, la phrase ridicule du film est en plus à mettre à ton crédit. "Je dois toujours me battre entre le bien et le mal, c'est mon sang d'irlandais". Ce petit grattement que vous entendez là, c'est James Joyce qui bouffe le chêne de son cerceuil. Conclusion: Matt Damon est un Playmobil, au suivant.
Le suivant c'est Di Caprio et honnêtement, ça me fait un peu chier. Il est sacrément bon le bougre et malheureusement, faut qu'il se tape aussi le même vide intersidéral en ce qui concerne son perso. Alors pourquoi il va pas bien le Leonardo, qu'est-ce qui le pousse à risquer sa vie à jouer les taupes pour les keufs?. Réponse: sa môman elle est morte et il s'en remet pas, alors il prend du Valium et il court tous les risques. D'autres raisons? Pas que je sache, à moins que j'ai eu droit à la version pour enfants. En attendant, fusillez moi le scénariste. Deuxième playmobil donc, et c'est pas fini.
Martin Sheen c'est le grand ponte de la police, il voit tout, il comprend tout, le commissariat c'est sa maison. A propos, il faut le savoir que c'est un poste de police, on a plutôt l'impression d'être au siège social d'Edf, vous me direz quand vous verrez. Fusillez le chef décorateur tant qu'on y est. L'ami Martin s'ennuie ferme, j'ai du voir la série A la Maison Blanche deux fois dans ma vie et de toute évidence il s'est dit que président des US et patron de flics véreux c'était pareil donc hop! identités interchangeables. Ni vu ni connu, ca passe comme une lettre à la poste. Playmobil numéro 3, au rapport!
Et pour finir, last but not least, mon préféré: Mark Wahlberg. Rôle minime pour l'ami Marco, de toute façon depuis la Planète des Singes on a vu je pense toute l'étendu de son jeu. Bein à vrai dire j'aurais pu le trouver pas si mal s'il ne remportait pas la palme du Playmobil. Pas pour son interprétation non, pour son look. Je vous mets son faciès là, juste à côté. Comme si sa tronche d'emplâtre ne suffisait pas, ils lui ont fait une espèce de coupe de cheveux qui m'a plongé d'emblée dans une grave crise dubitative. Non mais franchement, vous iriez pas vous foutre de la gueule du flic qui vous demande vos papiers s'il avait ce profil de premier de la classe (ou de représentant pour Pento, le gras qui fait luire le cheveu du bel étalon). Non mais franchement ils pensaient à quoi là? Bon allez zou, flinguez moi la coiffeuse aussi.
Pour finir sinon, je suis obligé de m'insurger contre une sale manie qu'a choppé le cinoche ricain. Dès qu'on met à l'écran un gars à l'accent écossais ou irlandais, faut forcément que le gars en question ait le QI d'une poêle Téfal et les idées aussi larges qu'une rue d'Avignon un jour de festival (j'en vois d'ici certains et certaines qui me comprennent). Ca les gêne pas à part ça d'enterrer leurs flics au son de la cornemuse (on y échappe pas d'ailleurs dans le film). Sarkozy doit être derrière tout ça, ils ont une certaine tendance à choisir leur immigration ces zouaves là, j'ai bien aimé apprendre qu'Harvard a été fondé par un vrai Scot. Mais ça c'est une autre histoire, j'y reviendrai une autre fois, un jour où l'envie de dire du mal des Rangers me reprendra.
Ah oui, une dernière chose. C'est rare les films de gros parrains où on a pas de coups de pétards et de patates dans la margoulette. On y échappe pendant deux heures, mais c'est pour mieux te saouler mon enfant. Tonton Scorsese nous afflige de pas moins de quatre bastos dans la tronche en moins de 5 minutes (mention spéciale pour Wahlberg en chaussons plastifiés dans une scène inepte qui s'abîme dans le mauvais goût et le n'importe quoi), franchement il aurait pu s'abstenir le petit père.
Donc, pour ceux qui m'auraient mal compris, c'est pas un mauvais film, mais essayez de foutre un t-shirt Donald Duck à Marlon Brando et faite dire à Al Pacino "merde je sais pas pourquoi je bute des gens, ça doit être mon sang d'italien". Essayez juste pour voir et vous comprendrez où ça me gratte là tout de suite.

5 commentaires:

Cryptisemita a dit…

Awesome and hilarious, but terrible and sad. If it weren't you saying so, I would hardly believe a word of it - Martin and I go way back - I've always been one of his biggest fans and reading your article, while very funny and informative (and frugal - I certainly won't fork over the ca$h to see it), also left me with the impression that the world and everything in it has become emptier, less worthwhile - even our playthings...

Anonyme a dit…

Pourquoi Martin, POURQUOI ?

Anonyme a dit…

Peut-être c'était l'objectif de Scorsese : pour demander la permission des assistances de nous prendre en voyage par nos mémoires infantiles de création sans raison, imagination sans justification. Dans une ère des expositions et non de l'arrêt de télévision de réalité annonçant, où le mal est-il dans un petit conte de fées ? À moins que l'histoire suce...

Julie Delporte a dit…

Bon anniversaire !!!!!

Cryptisemita a dit…

More more more more more, we bloody well want more!

Please sir, can we have some more...?