
Traversant à toute allure les quelques 2500 kilometres qui le separent encore de la maison mère, Tatache fait fumer le train et ses rails. Clush et Drumsfeld anéantis, plus aucune raison de s'attarder en terre pas conquise. De toute façon les grandes plaines y a rien à y voir. Le Nebraska et l'Iowa c'est comme se retrouver dans ces rêves où l'on coure pour échapper au gros monstre gluant de derrière. Mis à part que là vous n'êtes pas dans un cimetière mais dans un champ de maïs. Un champ de maïs de 1000 kilomètres de long.
Pas d'embrouilles à la frontière. L'avantage qu'ont les douaniers canadiens sur les américains, c'est que leur pays ne se retrouve pas en guerre tous les trois ans contre un quelconque pays lointain où les gens bouffent sagement du riz, des épices, des pousses de bambou (ça c'est pour les années 70) et des petits gateaux au miel. Pour on ne sait quelles raisons obscures, l'empire américain semble avoir quelques rancoeurs indéssoudables contre ces régimes (alimentaires pas politiques, vous suivez j'espère). Le laxisme (gentillesse diront certains) des officiers laisse Eustache pantois. Son nom devrait pourtant leur évoquer quelquechose et ragaillardir leurs instincts enfouis de chasseur. Mais non, rien. Tatache passe la frontière. Dépecer le président en place publique ne semble plus être un crime passible de poursuite judiciaire. Bon à savoir, il lui reste encore un zigoto couronné à déssouder. Zarkoby, grand petit vizir Golien, héritier direct du Maréchal Pimpon et du Général Degauche.
Il fait encore nuit quand il atteint enfin sa chaumière. La ville dort encore, Tatache a le dos qui couine et les genoux en trombone à coulisse. Dormir dans les gares, les wagons frigos ou sur les strapontins des bus ça va un moment.
Tiens, du courrier. Faut croire que ses collocs sont aussi partis en vacances, la lettre est encore glissée sous l'encadrement de la porte. Tatache ouvre la porte, pose son barda, craque un os ou deux puis il ramasse l'enveloppe. D'un coup de dent, il déchire efficacement le papier. Ses yeux se posent sur un drapeau tricolore et une espèce de grognasse qui donne visiblement à becqueter quelques croutons de pain à des moineaux dispersés ça et là dans un champ de patate.
" Monsieur Pinkwood
Bien content de vous savoir rentré. J'ai appris vos exploits. Par souci de sécurité (et aussi parce que je veux avoir la primeur de vous faire sauter le citron, la mort du président Clush reste secret d'Etat. Les agents Watergate et Dreyfus s'occupent de la confidentialité de cette manoeuvre, le peuple américain peut dormir sur ses 53 étoiles*.
On ne vous oublie pas ici pour autant comme vous pouvez le voir. Vous avez tué mon frère de sang, mais j'ai eu le temps de prendre connaissance de l'existence de votre race perfide de saurien répugnants. Sachez que mes services s'acharnent à poursuivre la tâche sacrée que s'était fixé mon bien-aimé Clush.
Je saurai rester sport néanmoins(oui, je pratique assidument mon yogging matinal avec mes ministres lèche-bottes, c'est ça la realpolitik de droite mon pote). Si vous voulez me faire la peau mon cher, va falloir venir me chercher. Vous connaissez l'adresse. Allez viens te battre spèce d'enflure!
Président Zarkoby, Sauveur, Roi et Copulateur des Astres (Phd en Raélisme)"
Dans l'enveloppe un billet cartonné. Montréal-Lyon, dans trois jours.
*Le premier (ou première, on peut toujous rêver) à me dire pouquoi 53 gagnera ma gratitude et mon admiration. Fallait en effet lire le reste de ces pitoyables aventures pour le savoir. Je dis pas où, savez qu'à chercher. On va voir le nombre de commentaires après ça, c'est là qu'on va voir les amis...
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