
Jamais, au grand jamais je ne serais allé par moi-même voir Evil Dead. Bein non, les décharges d'hémoglobines et les parades de zombies ne m'ont jamais trop éclaté. Oui mais voilà, Sam Raimi vient de nous pondre Spiderman 3, un film très hollywoodien certes, mais seuls les dégénérés du citron et les bobos assermentés oseront critiquer l'évidente qualité visuelle de la chose. Ne parlons même pas de la dichotomie comic/comique ni des métaphores subtiles et du sous-texte, en un mot comme en cent, c'est une très bonne bête (l'article de Will dit sensiblement la même chose, avec en plus la fougue d'un vrai fan de catcheurs en tutus, alors allez-y donc).
Bref, avant de se commettre avec Spiderman, Sam Raimi s'est expérimenté dans le bon cinoche de genre qu'on déguste avec un pot géant de pop-corn, le bras enroulé autour de Sandy (la péroxydée de service, conciliante à qui sait s'y prendre) tel une pieuvre guettant le lièvre égaré dans la pampa un matin d'automne.
Je m'attendais un peu à une énième version de cette même série B. C'est vrai que l'histoire ressemble à toutes celles qu'ont écrit des générations entières d'auteurs sans inspiration. Mais si vous savez bien, la bande de potes en weekend à la montagne dans un chalet isolé de tout. Vous devinez la suite, des gros méchants monstres enfouis dans d'obscures arcanes vont ramener leur trombine pour baffer les zigotos.
Les spécialistes en cinéma pour ados pourraient sans doute vous citer une centaine de scripts semblables, mais on s'en fout. L'intérêt n'est pas dans le texte ô vous les joyeux sceptiques. Donnez un kilo de pommes et du sucre à deux gugusses différents et allumez les fourneaux. Le premier vous sortira une tarte classique, sans teneur ni originalité quand le second mettra les conventions de côté pour s'amuser un bon coup et vous inventer une tarte tatin.
Ici c'est tout pareil. Le pote Raimi sait ce qu'il fait et nous le fait savoir. On ne se contentera pas de dire "Bouh, qu'elle est vilaine la méchante bébête", on va aussi se marrer quand dans le feu de l'action, notre héros du jour nous fait partager sa lucidité avec un hilarant "Ah oui, surtout il ne faut pas que j'oublie les cartouches, je vais en avoir besoin des cartouches". Je ne vous parle même pas de sa crise existentielle, la tronçonneuse vrombissant devant le corps de sa gonzesse rongé par une poussée subite de "zombisme" ("Bon, comment ça se coupe cette volaille là?").
D'autres scènes vont me rester, comme par exemple une bonne grosse décharge de mornifles à coups de poutre ou encore ces dernières scènes où le sang se mêle aux pellicules de film (faut voir pour comprendre, sinon faut que je vous fasse des phrases concises à la Proust), où il s'attribue la lumière et l'ampoule du plafonnier (ça tient du génie, vraiment).
Quand certains font du bloubiboulga à la Resident Evil, Sam Raimi te concocte la recette d'une soupe de qualité aux hématites stylisées, avec des petits bouts de fémur grignoté dedans.
4 commentaires:
Venom, Venom, gars ! Je veux un costume de Venom pour mon 'versaire.
Bon, on a craqué avec Vincent, on est allé le voir et je dois dire qu'à part les effusions de sentiments niaiseuses, et ben c'est putain de fucké au niveau image.
Tu remarqueras mon vocabulaire au raz des paquerettes ce soir : pas mieux !
Et finalement je n'ai pas laissé de commentaire sur le sujet de ton post, euh, pas pire.. J'reviendrai comme dirait l'autre.
Man I love you.
@alesc, Never, never read or watch anything written by any great playwright.
The "silly feelings" you say the movie was infused with were actually needed to balance out the script, and actually are normal when dealing with the death of loved ones, best friends, dying children, severe substance abuse, and so forth. It was a dramatic depiction of internal conflict. You just have low tolerance for portrayals of powerful emotions, especially if your teensy attention span screams that a scene is taking too long for its liking. This also typically common amongst today’s jaded cravers of instant gratification and is a sign of an immaturity that is quite normal and benign, so don’t feel badly. Many, many people agree with you that the feelings were "silly," and would have preferred Peter to, say, do a tap dance, or just shrug and swing away when his Shakespearean best-friend died after saving his life and redeeming himself before doing so. They also think that the sandman, who is actually in the film a deeply set metaphor for too many themes for you to fathom, should have stayed bad and not apologised because they like it when villains are bad, and heroes are good, and that is that. Its cute, really. Like a bunch of teenage boys calling everything that makes them uncomfortable, "gay." Innocuous and cute.
You write very well.
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